La fête de Bouteflika… sans Bouteflika», titre l'hebdomadaire français Le Point. «C'est l'homme invisible de la présidentielle algérienne», peut-on lire dans un autre article de la même publication.«Malade depuis plus de dix ans, Abdelaziz Bouteflika n'est pas apparu en public en Algérie depuis 2012. L'année suivante, il a été victime d'un arrêt cardiovasculaire qui l'a tenu hospitalisé 80 jours durant à l'hôpital Val-de-Grâce, à Paris. En dépit de son incapacité manifeste à tenir les rênes du pays, le président sortant a souhaité ‘répondre à l'appel du peuple' en se portant candidat fin février», est-il rappelé un peu plus loin. «Et à défaut d'être présent sur le terrain, le chef de l'Etat est apparu à trois reprises durant la campagne à la télévision d'Etat, affaissé sur son siège et la voix éteinte, accueillant de hauts responsables occidentaux», poursuit Le Point. Même sa «présence» physique ne convainc pas. «Des images d'un vieil homme frêle, qui insiste qu'il est apte à gouverner, ne feront pas grand-chose pour persuader les électeurs algériens que Abdelaziz Bouteflika est le président qui les mènera vers un avenir démocratique», estime-t-on dans une analyse publiée par la publication panarabe Asharq Al Awsat. Mais au-delà de cette candidature par procuration et de l'image «peu rassurante» donnée par le président sortant, pour nombre de médias internationaux, l'autre grand absent de cette élection reste le suspense quant à son issue. «Il y a peu de doute quant à la victoire de Bouteflika, et ce, même s'il peut à peine parler ou marcher et que quelqu'un d'autre anime à sa place sa campagne à travers le pays car il en est incapable», écrit l'hebdomadaire égyptien Al Ahram. «La plupart des Algériens voient le 4e mandat du président en exercice comme une conclusion inéluctable», rapporte le journal américain New York Times. «Ce pays est tellement ‘sous contrôle' qu'il est pratiquement le seul de la région où le Printemps arabe n'a pas pris. Pourtant, la réélection de Bouteflika, qui paraît inévitable, ainsi que son insistance à se représenter une nouvelle fois, et ce, en dépit de sa fragile apparence, a exacerbé l'exaspération populaire. De même, cela a révélé des signes inhabituels de division au sein de l'élite dirigeante et provoqué un élan improbable de solidarité parmi les partis de l'opposition, laïcs et islamistes, qui se sont unis dans un appel au boycott», est-il résumé dans le New York Times. «L'Algérie pourra-t-elle échapper à son passé tortueux et violent ?» s'interroge quant à lui le Boston Globe. «C'est un pays quelque peu traumatisé qui se reconstruit. Les pronostics sont que Bouteflika, qui prend de l'âge et malgré sa maladie, sera réélu coûte que coûte pour un 4e mandat», ajoute-t-on. Accusations d'une «rare violence» et stabilité Cette stabilité ainsi que les risques qui pèsent sur elle semblent être au centre des interrogations de nombreux médias. «Les questions quant à la santé de Bouteflika et la stabilité de l'Algérie sont centrales pour les gouvernements occidentaux, qui voient en ce pays nord-africain un partenaire dans la lutte contre le terrorisme et un fournisseur stable de gaz pour l'Europe», est-il affirmé dans la publication ougandaise New Vision. D'ailleurs, de nombreux médias ont repris les dépêches d'agences faisant état des déclarations du président-candidat. «La campagne présidentielle algérienne s'achève sur des accusations de «terrorisme», titre ainsi le français Libération, et même «d'une rare violence», juge 20minutes.fr. Les propos de Bouteflika ont donné aux Algériens la «confirmation de l'atmosphère très tendue et du climat de violence dans lesquels s'achève cette campagne», estime le français Le Monde. «Et si l'explication de ces charges à l'encontre du candidat Benflis est que le ‘lièvre' n'est peut-être pas celui que l'on croit ?», s'interroge Le Point.