Qui ne se rappelle de Othmane Baly ? Il a été pendant des années le chantre adulé de la chanson targuie particulièrement dans cette féerique région qu'est le Tassili N'Ajjer. Othmane Baly a disparu il y a cinq ans, victime d'un phénomène qu'il a lui-même chanté avec passion : l'eau dans sa dimension la plus imprévisible. Une trombe d'eau venue de très loin l'a surpris dans son sommeil alors qu'il dormait dans le lit de la rivière de sa ville, Djanet. Mohamed Zaoui, pour garder vivace l'image de cet homme peu commun et lui rendre hommage, va lui consacrer un film documentaire d'une heure vingt minutes. Le titre est d'ores et déjà arrêté : « Othmane Baly, l'homme de la pluie » Pourquoi un tel titre ? Tout simplement parce que Baly aimait l'eau, adorait la pluie et vénérait la végétation dont elle permettait la poussée et la sauvegarde. Dans une interview accordée à Zaoui, le chantre de la musique targuie disait ainsi son amour du précieux liquide : « J'ai beaucoup chanté la pluie, j'ai beaucoup chanté la goutte d'eau (…) Les oueds se mettent en crue pour que la vie revienne. (…) Il faut toujours prendre un peu d'eau et laisser pour les autres (...) » Le mot touareg que porte ce peuple du désert et de la sécheresse perpétuelle, lui-même vient de targa qui signifie la « source d'eau ». Baly a été tué par une rivière qui, un jour où pourtant les étoiles brillaient bien haut dans le ciel, s'est réveillée pour accomplir son destin. Baly aurait-il souhaité une autre mort que celle-ci ?Mohamed Zoui et Othmane Baly se sont réellement connus en 2004 à l'occasion de la célébration du quarantième anniversaire de la Sonatrach. Zaoui, qui avait déjà fait moisson de belles images dans l'environnement qui a vu Baly vivre et évoluer, a présenté Djanet à sa manière lors de cette manifestation après le récital du chanteur. Il a profité de cette rencontre londonienne pour le suivre caméra au point et saisir des vues uniques (jusqu'à maintenant inédites) de cet homme qui aimait à se déplacer en famille lorsqu'il donnait des concerts. Pour réaliser le film, Zaoui, ancien journaliste dans plusieurs titres algériens dans les années 1980 et 90, qui a été directeur de la rédaction de l'hebdomadaire El Waqt, une publication d'El Watan, s'est déplacé de Paris où il vit depuis près d'une quinzaine d'années à Alger. Il rejoindra Djanet dans quelque temps pour les repérages nécessaires à la réalisation du film. Zaoui a par ailleurs d'ores et déjà sélectionné un grand nombre de personnalités algériennes et étrangères, écrivains, musiciens chanteurs, hommes de cinéma et autres universitaires qui enrichiront de leurs témoignages et ou analyses l'œuvre en préparation. L'homme de la pluie est attendu pour juin si le projet se déroule normalement. Pour rappel, Mohamed Zaoui a déjà réalisé, un court métrage La nuit du saké, un film documentaire Les arabisants français et un autre sur les massacres du 8 Mai 1945. Dans le domaine de l'écrit, il est l'auteur d'une pièce de théâtre et a publié un recueil d'interviews réalisées en Algérie.