Des citoyens mal informés sont sujets aux plus folles « spéculations » sur la question. Alors que la grippe A H1N1 a fait plusieurs décès dans la capitale et que sa vitesse de propagation est devenue spectaculaire, aucune mesure de prévention, ne serait-ce que par le rappel des gestes d'hygiène ou des moyens d'éviter la contagion, ne sont visibles dans les lieux publics, plusieurs mois après la confirmation des premiers cas touchés par ce virus et la dizaine de décès déplorés. Un simple tour fait dans les lieux publics de la capitale indique l'indifférence affichée face à ce premier danger public qui menace la vie des citoyens. « J'ai une peur bleue rien qu'à l'idée que je risque d'être contaminée par le virus via le clavier du microordinateur utilisé au cybercafé. Je me demande si les utilisateurs de ces micros ont pris le soin de se laver les mains après les différents contacts qu'ils ont eus avant d'entrer ici », nous confie Sonia rencontrée à la sortie d'un cybercafé à la rue Hassiba Ben Bouali, à Alger-Centre. Cette jeune fille nous explique qu'elle veille au respect des règles d'hygiène : elle a déjà acheté plusieurs bouteilles de savon liquide conseillé pour venir à bout des microbes susceptibles de s'accrocher sur la peau des mains. Dans ce cybercafé, de grandes affiches conseillent aux utilisateurs et aux éventuels clients de se protéger contre les virus… électroniques, étalent les nombreuses vertus de plusieurs antivirus, disponibles dans ce commerce, mais pas un seul mot sur la grippe porcine. « Pourtant, c'est simple, il suffit de copier des documents disponibles partout, de les mettre sur papier, puis de les coller sur le mur ou sur la porte d'entrée », explique pour sa part Fatah rencontré également dans ce même cybercafé. « Heureusement que les internautes sont nombreux à avoir consulté des moteurs de recherche pour se documenter sur cette grippe. Il suffit de taper sur un moteur de recherche pour découvrir que le dernier mot recherché est lié à cette fièvre mortelle », nous a-t-il indiqué. Pour le gérant de cyber, « ne pas afficher des documents sur cette maladie ne témoigne pas d'un désintérêt sur la question. Je pense que les gens sont suffisamment informés à travers les médias sur cette question ». ` Bien qu'abritant d'interminables discussions autour de cette maladie respiratoire, les cafés, les pizzerias et lieux fréquentés par des dizaines, voire des centaines de personnes quotidiennement, ne disposent cependant d'aucun affichage ou illustration indiquant la menace de contagion et le rappel des gestes préliminaires pour éviter la propagation de cette maladie. Cela au moment où des chaînes de TV étrangères font un tapage médiatique sur cette question allant de simples publicités sur les savons et les gels désinfectants à la sensibilisation autour de la santé publique qui commence par des gestes simples avec des slogans attractifs et accrocheurs. Sachant aussi que des professionnels de la santé ne cessent de rappeler que la propagation de cette grippe qui peut être mortelle peut être limitée ou diminuée grâce à des mesures strictes d'hygiène. Hormis les pharmacies et les centres de soins, aucune allusion n'est faite à la grippe A H1N1 ailleurs. Les bureaux de poste grouillant de monde, les agences bancaires, les entreprises, les cafés, les mosquées, les campus universitaires, les magasins, les tribunaux, les abribus sont autant d'espaces publics qui peuvent être des lieux de contamination mais aussi de sensibilisation. Une sensibilisation qui peut réduire également le degré de panique chez la population mal informée. Les autorités sanitaires, qui devraient mener des campagnes de sensibilisation, initier et imposer aux particuliers de diffuser des informations essentielles autour de ce virus, ne se sont pas manifestées. Les quelques spots diffusés à la télévision sont loin de répondre à la curiosité légitime des citoyens et c'est la panique exprimée à travers le rush enregistré auprès des services de soins qui l'expliquent. Des citoyens mal informés sont sujets aux plus folles « spéculations » sur la question. Une dame d'un certain âge, dans un bus reliant la place Audin d'Alger-Centre à El Biar, a piqué hier une colère puisqu'un jeune homme a refusé d'ouvrir la fenêtre. « Il est difficile de savoir qui des deux personnes a tort, du moment que l'on ignore comment ce virus peut être transmis », lâche ironiquement Brahim, étudiant en langue française. A souligner que, selon certains témoignages recueillis, des entreprises ont procédé à la distribution de prospectus sur la grippe porcine. Ces documents indiquant les modes de transmission donnent également des conseils pratiques sur les moyens d'éviter la contagion, explique Smaïl, cadre dans une entreprise agroalimentaire située à Rouiba, citant le document reçu avec sa dernière fiche de paie. Ces entreprises disposant d'un service HSE (hygiène sécurité et environnement), ne sont-elles pas censées faire un plus pour éviter de nouvelles victimes de cette infection parmi les travailleurs ? Les services communaux et de wilaya n'ont-ils pas pour tâche de s'occuper aussi de ce volet prévention ? Les populations de ces communes ignorent s'il faut se faire vacciner dans le cas où le vaccin est disponible. Quels sont les premiers gestes à faire dans le cas d'une contamination suspectée, à qui s'adresser ? Ce sont autant de préoccupations auxquelles les Algérois tentent de trouver des réponses.