-En tant qu'enseignante universitaire, estimez-vous que les étudiants s'intéressent à la lecture? Mon constat est que les étudiants ne lisent pas assez. Mais cela dépend. Par exemple, nous avons des groupes super chargés. Et sur un groupe de 45 ou 50 étudiants, on trouve une dizaine qui lisent en dehors de ce que les enseignants leur donnent. J'ai eu mon diplôme en 2003, et à l'époque les étudiants se faisaient remarquer par les journaux. En effet, le matin, chaque étudiant avait son journal quotidien. Ce qu'on ne voit plus de nos jours… -Justement, pourquoi cette mauvaise volonté de lire? Cela est dû à certains facteurs. Certains programmes sont trop chargés et qui ne laissent plus le temps à l'étudiant de lire autre chose que ce qui relève de son programme. Mais c'est vrai que la mauvaise volonté y est aussi. Prenons un simple exemple, et là je parle de ma propre matière et ma pratique : quand je donne aux étudiants un article à lire d'une vingtaine de pages, ils grincent des dents et, souvent, se contentent de lire uniquement le passage qui leur permet de répondre aux interrogations du prof. -Que préconisez-vous pour redonner à la lecture ses lettres d'or ? Tout d'abord, avant l'accès à l'université, il faut revoir la motivation de l'étudiant : est-il là juste pour avoir un diplôme, ou alors pour s'instruire et se cultiver ? Si vous avez un étudiant qui arrive à l'université par défaut et qui manque de ce fait de motivation, jamais il n'aura le goût pour la lecture. Il faut donc un travail de sélection. Il faut aussi que les enseignants se mettent de la partie, car peu d'entre eux demandent à leurs étudiants de faire des fiches de lecture, et les pousser ainsi à lire.