Rome De notre Correspondante Mieux encore, le parti vainqueur, le Parti Démocrate de centre-gauche, se place en tête du groupe des sociaux-démocrates européens. Les analystes italiens voient dans cette défaite de la droite et des mouvements populistes un signal fort donné par les Italiens au gouvernement en place. En gratifiant de plus de 40,8% de leurs voix le Parti Démocrate, les électeurs expriment leur ras-le-bol des promesses et des discours démagogiques. Ils veulent un changement de cap pour leur pays, avec des mesures concrètes. Ils donnent donc carte blanche à l'exécutif de Matteo Renzi, l'ancien maire de Florence, qui a promis d'alléger la pression fiscale, de moraliser la vie politique et d'affronter les problèmes qui touchent les jeunes, les familles et les sans-emploi. Le taux d'affluence au scrutin de dimanche, qui n'a pas dépassé les 57%, n'influe pas sur cette victoire remportée haut la main par la formation politique qui gouverne la péninsule. Les grands déçus sont le chef de file de Forza Italia, Silvio Berlusconi, dont le parti n'a récolté que 16,8% des votes et le comique Beppe Grillo, qui dirige le Mouvement cinq étoiles (M5S), qui n'a arraché que 21,2% des voix. Une claque sonore pour l'humoriste qui a lassé, semble-t-il, par ses discours populistes non suivis d'action. Le richissime Berlusconi devra, lui, faire face au mécontentement de ses propres alliés qui remettent en cause, à présent, son leadership et l'accusent d'avoir offusqué la popularité du parti. L'ancien président du Conseil italien purge sa condamnation (un an de prison) pour fraude fiscale, en travaillant comme bénévole dans un centre d'assistance aux personnes atteintes par la maladie d'Alzheimer. Il n'a pu faire campagne électorale librement, mais a toutefois monopolisé les débats politiques sur les chaînes de télévision de son groupe Fininvest. Cependant, l'Italie n'échappe pas totalement à la tendance européenne qui voit l'émergence de l'extrême droite, puisque le parti xénophobe de la Ligue du Nord enregistre une remontée avec 6% des voix et pourra envoyer cinq de ses députés au Parlement européen. Son leader Matteo Salvini, un populiste au langage provocateur, a déjà annoncé le programme de son parti : retirer l'Italie de la zone euro et «réintroduire le délit de l'immigration clandestine», à peine abrogé par le nouveau gouvernement. Salvini, qui a une grande admiration pour un autre leader d'extrême droite, la Française Marine Le Pen, a tendu une main amie à Berlusconi, lui proposant de s'allier à condition de «s'éloigner d'Angela Merkel», la chancelière allemande.