L'application des revendications consignées dans la plateforme d'El Kseur s'accélère. Le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, a demandé à ses élus locaux de démissionner de leur poste et de remettre leur mandat, en respect des clauses de l'accord conclu dernièrement entre le gouvernement et les archs. Le retrait des élus de la Kabylie figure, rappelle-t-on, parmi les 15 revendications de la plateforme d'El Kseur. La consigne du chef du RND a été exécutée par les élus sans aucune contestation. Pour faire passer le « message », les bureaux de wilaya du RND des wilayas touchées par la crise de Kabylie ont tenu hier une réunion pour informer les élus de la décision de leur secrétaire général. La rencontre de Tizi Ouzou a été présidée par Tayeb Mekadem, secrétaire de la wilaya de Tizi Ouzou du RND. 17 élus sont concernés par la décision d'Ouyahia. Ils sont répartis dans les communes suivantes : 6 à Aïn El Hammam, 5 à Akerrou, 3 au chef-lieu de wilaya, Tizi Ouzou, 1 à Draâ Benkhedda, 1 à Tizi Ghennif et 1 à Sidi Naâmane. « Les élus présents à cette réunion ont décidé, à l'unanimité, de cautionner et d'appliquer à la lettre les décisions du secrétaire général du parti leur demandant de se retirer des instances locales. Les élus concernés remettront leur démission aux autorités concernées, à savoir le wali. Il le feront lorsque M. Ouyahia le dira. Cela ne devrait pas tarder », a indiqué M. Mekadem. Le responsable local du RND a précisé que les élus nationaux ne sont pas touchés, pour l'instant, par cette instruction, sans donner de plus amples informations. Par qui seront gérées les APC après le départ des élus ? Y aura-t-il des élections anticipées ? M. Mekadem ne répondra également pas à la question, faute d'éléments de réponse. Le choix cependant du secrétaire général du RND de ne pas toucher aux élus nationaux (députés et sénateurs) pourrait s'expliquer par le souci de ne pas bloquer le Parlement. Le retrait des élus nationaux induirait, en effet, des élections législatives anticipées. Une option visiblement que le gouvernement n'a pas retenue pour le moment dans son agenda. Le retrait annoncé des élus du RND concerne également ceux de Béjaïa. Le FLN temporise La décision de la direction du RND a suscité le courroux du FFS et du PT, deux partis ayant également des nombreux élus dans la région. Comme l'an dernier, ces formations se refusent toujours à aller dans le sens de l'option prise par le parti de Ahmed Ouyahia. Hier, les responsables du FFS et du PT ont réitéré avec véhémence, d'ailleurs, leurs positions concernant la question. A préciser que le FFS possède 27 APC en Kabylie. Très virulent à l'égard du gouvernement, Karim Tabou, chargé de la communication du FFS, a soutenu que « les élus du FFS n'ont pas bénéficié d'un mandat de M. Ouyahia. Ce sont les citoyens de la région qui les ont élus, contrairement à ceux qui se sont vu désignés représentants de la kabylie sur un décret de M. Ouyahia ». A ce propos, le responsable du FFS qui a tenu à se faire comprendre a soutenu que les élus de son parti ne démissionneront pas de leur poste. Et c'est là une « décision irrévocable ». Pour lui, « ni M. Ouyahia ni ses délégués ne sont capables d'imposer leur diktat ». De son côté, M. Djoudi du Parti des travailleurs s'est dit « outré par cette décision qui menace l'unité de la nation ». « Nous avons déclaré lorsque le gouvernement et les archs ont entamé les négociations que la sixième incidence est une revendication insensée et très dangereuse pour le pays », dira-t-il. Le PT a dénoncé au préalable la plateforme d'El Kseur qui n'englobe pas toutes les revendications des citoyens. « Nous sommes contre la plateforme parce qu'elle répond beaucoup plus à une démarche politique que revendicative. Nous ne voulons pas que le pouvoir extrait la Kabylie des autres régions du pays », a affirmé le responsable du PT qui explique, par ailleurs, qu'il ne comprend pas la démarche du gouvernement. « Est-ce qu'il compte organiser des élections à l'échelle nationale ou uniquement dans cette région ? Qu'envisage-t-il de faire ? », s'est interrogé M. Djoudi. Et d'avertir : « Le PT s'opposera à un scrutin qui concernerait uniquement la Kabylie. » A préciser que les élus indépendants et ceux du FLN n'ont encore reçu aucune orientation. Toutefois, le FLN devrait, croit-t-on savoir, faire connaître sa position dès ce week-end. Mais connaissant la proximité de ce parti, comptant aussi des élus dans la région, avec le RND, il est à s'attendre à ce qu'il opte lui aussi pour le retrait de ses élus. Le contraire serait en tout cas surprenant.