La démission de ses élus locaux en Kabylie annoncerait des élections locales avant la fin de l'année. Traditionnelle rencontre, s'il en est, mais néanmoins hautement stratégique dans la circonstance actuelle, le secrétaire général du RND, également chef du gouvernement, a réuni hier, les députés et sénateurs de son parti en prévision de l'ouverture, aujourd'hui, de la session de printemps des deux chambres parlementaires algériennes. Hasard calendaire, qui n'en est sans doute pas un, les élus du RND à Tizi-Ouzou ont démissionné en bloc hier, dans le cadre de l'application des incidences devant précéder l'entrée en vigueur de la plate-forme d'El-Kseur. L'annonce, qui fait l'effet d'un véritable coup de tonnerre dans le ciel politique algérien, coïncide également avec le rapport dithyrambique dressé par le département d'Etat américain concernant la situation politique générale dans le pays. Hier, jusqu'à l'heure où nous mettions sous presse, il était impossible de savoir quelles seraient les orientations que donnerait Ahmed Ouyahia à ses élus, puisque la rencontre ne devait démarrer qu'à 18 heures. Les spéculations, en effet, sont permises sachant que l'ensemble des cadres de ce parti étaient injoignables hier, mais aussi que les élus de Kabylie sont aussi des députés et des sénateurs. La question se pose, donc, de savoir si Ahmed Ouyahia ne va pas demander à ses élus de se désister, eux aussi, de leurs mandats, ce qui aurait pour effet de précipiter des élections anticipées, et non pas seulement locales, au niveau des quelques communes privées d'APC depuis octobre 2002. Il convient de dire que la loi, très claire sur le sujet, prévoyait que ces élections partielles se déroulassent dans les 60 jours qui ont suivi les votes communaux et wilayaux. Or, cela n'a pas été le cas. Idem pour les multiples promesses faites par le ministre de l'Intérieur à propos de la tenue, à telle ou telle date. Les paris sont donc ouverts de nouveau à propos de la révision constitutionnelle, dans laquelle, outre l'instauration du poste de vice-président et de Premier ministre à la place du chef du gouvernement, il serait question de supprimer la chambre haute du Parlement, une institution véritablement décriée par le président Bouteflika. Les prérogatives énormes dont jouit cette chambre, mise en place à une période bien définie de l'histoire chaotique de la démocratisation de l'Algérie, tranche nettement avec le fait que les sénateurs sont élus à l'échelle locale, contrairement aux députés, élus eux, à l'échelle nationale. Mais le débat n'en est pas encore là. Il se situerait plutôt dans la suite qui serait donnée au geste des élus municipaux de Tizi-Ouzou. La question se pose, en effet, de savoir si ce véritable geste de bonne volonté sera ou non suivi par les autres élus de Kabylie, y compris au niveau du Sénat et de l'APN. Se mettra alors en place un grand bras de fer entre les pouvoirs publics d'un côté, et le FFS et le PT de l'autre, pour qui «le respect du mandat et de la souveraineté populaire sont choses sacrées», et qui ont toujours eu des relations extrêmement tendues avec le mouvement des archs. En tout état de cause, il convient de souligner qu'Ahmed Ouyahia devait accorder une bonne partie du temps consacré à la réunion d'hier aux actions de coordination avec les autres élus des partis membres de l'Alliance présidentielle. Ces derniers, qui comptent carrément mettre en place une sorte de «méga-groupe parlementaire», dans le cadre de l'application des décisions organiques prises lors du dernier sommet tenu au siège du FLN, comptent même tenir une journée parlementaire le 13 du mois courant. Objectif clairement affiché : faire en sorte que l'ensemble des lois du gouvernement, en train d'appliquer le programme et les réformes de Bouteflika, passent comme une lettre à la poste, sans la moindre contestation notable, ni amendements.