Sur une corde raide, le FLN risque sinon une fronde interne, la perte de toute une région du pays. La révocation des «indus» élus mine les débats entre le FLN et le RND et risque de faire voler en éclats l'Alliance présidentielle. La décision des élus locaux du RND de remettre leurs mandats a mis en effervescence leurs collègues du FLN. Les députés du vieux parti ont décidé hier, après l'ouverture de la session de printemps de l'APN, de saisir officiellement le président de l'Assemblée, Amar Saïdani, en sa qualité de responsable des élus du FLN. «Nous allons lui exposer le problème et s'il faut ensuite aller vers des rassemblements au sein de l'hémicycle, nous le ferons» s'est insurgé un élu de Tizi-Ouzou. «Nous n'acceptons pas qu'un parti (le RND) dicte ses visions et décide à notre place», a ajouté un autre député. La question sera discutée par les instances dirigeantes du FLN, en attendant une réponse officielle à la proposition du chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, qui est aussi secrétaire général du RND. Mis à mal par cette sortie du chef du gouvernement, le FLN est sur une corde raide. Non seulement il risque une fronde interne mais aussi de perdre toute une région, la Kabylie, au profit de son rival le RND. Les enjeux sont de taille et M. Ouyahia a placé la barre très haut. Il n'est plus dans la logique de révocation ou de dissolution des assemblées élues mais dans une démarche partisane qui engage directement les partis politiques. Du reste, c'est une parade au problème d'ordre juridique soulevé par les juristes: «Le mandat d'un député est validé par le Conseil constitutionnel et son annulation n'est pas du ressort de l'Exécutif.», soulignent les hommes de droit. La révocation des «indus» élus, faut-il le préciser, est l'une des principales revendications de la plate-forme d'El-Kseur qu'Ahmed Ouyahia avait promis au mouvement des archs dialoguistes de régler en prenant attache avec les partis politiques concernés par la question. Le chef du gouvernement aurait demandé aux formations politiques représentées en Kabylie d'instruire, ou du moins de convaincre leurs élus de se retirer d'une manière diplomatique de leurs assemblées. Or, selon certains élus du FLN, le chef du gouvernement n'a pas contacté les présidents et les premiers responsables des formations politiques concernant la révocation des «indus» élus. Il y a quelques semaines, les formations concernées, en l'occurrence le PT, le MSP, le FLN et le FFS, ont affirmé ne pas avoir pris connaissance du dossier. Sans attendre et comme pressés par les impératifs d'une quelconque échéance électorale en perspective, les élus locaux du RND passent à l'acte. «(...) en vue de l'application effective de ces accords (accord entre le gouvernement et les archs pour la mise en oeuvre de la plate-forme d'El Kseur Ndlr), les élus locaux du RND décident solennellement, en ce moment mémorable, d'accepter, en leur âme et conscience, sans aucune réserve et avec le sentiment d'accomplir un devoir national, de remettre leur mandat d'élus et de quitter les assemblées élues dont ils font partie dans l'immédiat et ce, en application de l'une des incidences de la plate-forme d'El-Kseur». Le vieux parti lui, y voit dans la démarche du RND «une pré-campagne électorale».Il se lance dans une contre-campagne en attendant la réaction des autres partis de la région comme le FFS et le PT.