Le patron de la Centrale syndicale a reçu pratiquement tous les syndicats à la veille des négociations. Un véritable défilé à la Maison du peuple pour consulter le représentant des travailleurs et exiger des actes et des échéances quant à l'exécution des décisions qui seront prises. Très attendue par des millions de travailleurs qui espèrent voir leur cadre de vie s'améliorer, mais surtout leur pouvoir d'achat reconsidéré, en sus d'un patronat en quête de nouveaux acquis, la tripartite qui se déroulera aujourd'hui a cette particularité en plus : elle intervient au lendemain de la reprise des cours après un débrayage de deux semaines, l'annonce du gouvernement de verser, avec effet rétroactif, des indemnités aux enseignants de l'Education nationale, l'Enseignement supérieur et des personnels médicaux. Les regards braqués vers cette énième réunion où le partenaire social devra beaucoup plus miser sur le Salaire national minimum garanti (SNMG), l'Union générale des travailleurs algériens, forte d'une représentation de près de 4 millions de salariés de divers secteurs, et les syndicats autonomes, retiennent leur souffle. Bien avant cette tripartite sur laquelle le président Bouteflika et le Premier ministre Ouyahia ont un regard politiquement orientable au vu des nouvelles dispositions incluses dans la loi de finances complémentaire (LFC 2009) et de celle de 2010 adoptée, hier, par les parlementaires, la Centrale syndicale a connu un véritable défilé des syndicalistes, et ce, tout au long de la semaine. Sidi-Saïd, qui a eu à recevoir des délégations pour peaufiner une plate-forme de revendications à même de placer la barre très haut, semble confiant quant aux résultats d'une tripartite pas comme les autres. Et si les syndicats autonomes s'attendent à des “miettes”, il n'en demeure pas moins que les syndicats affiliés à l'UGTA sont aussi confiants qu'un Sidi-Saïd qui misera sur deux choses principales : l'échéance pour le versement des indemnités avec effet rétroactif et le SNMG. Il faut souligner que l'UGTA, à elle seule, a réussi à traiter et à résoudre près de 1 000 dossiers liés aux conflits sociaux, aux licenciements et à la régularisation durant l'année 2009. Et ce n'est point une mince affaire même si le ministre du Travail, Tayeb Louh, a toujours affiché son entière disponibilité à traiter dans la sérénité les problèmes socioprofessionnels des travailleurs. Cela va sans dire que Sidi-Saïd ira vers cette tripartite avec un dossier solide, appuyé notamment par les fédérations, les unions de wilaya et syndicats locaux, notamment dans les secteurs de l'éducation, de l'enseignement supérieur et du secteur médical. Les autres secteurs aussi lourds, comme ceux des cheminots et du secteur pétrolier et chimique semblent indéniablement soutenir la démarche d'un Sidi-Saïd plus puissant que jamais. Et face à un patronat dont les positions sont mitigées sur la teneur de la LFC 2009, le gouvernement aura du pain sur la planche dès que l'UGTA devra notamment exiger l'application dans les délais de rigueur de toute décision qui sera prise lors des négociations. À titre illustratif, les enseignants du supérieur, divisés entre le Cnes (Conseil national des enseignants du supérieur) et le Sneu (Syndicat national des enseignants du supérieur), attendent beaucoup de ces négociations. “Nous espérons que lors de la tripartite, et même en marge des travaux, que le dossier du système indemnitaire sera étudié, dossier qui sera en tête des travaux de la bipartite, dont nous souhaitons voir la tenue dans un délai très proche”, estime-t-on au Sneu. Les orientations du président de la République, lors de son allocution à Sétif et pour son application très proche et de manière positive, seront prises en compte, à commencer par les salaires dont Bouteflika avait fait son cheval de bataille lors de la campagne électorale en avril dernier. En revanche, on relèvera le silence des formations politiques, au même titre que le mouvement associatif et les parlementaires, qui préfèrent se cloîtrer dans un mutisme total comme s'ils n'étaient pas concernés par ces négociations. Une non-implication et une attitude politiquement incorrectes dès qu'il s'agit de l'avenir de millions de travailleurs. Reste à savoir à qui “reviendront” les dividendes après cette tripartite.