Livrés à une concurrence déloyale et au diktat des fraudeurs, les protestataires, qui ont tenu un mouvement similaire le 15 mai dernier, interpellent le ministre des Transports, Amar Ghoul. Ils le pressent d'intervenir afin de résoudre les problèmes dans lesquels se débattent quelque 299 chauffeurs en situation régulière. «La ville de Tamanrasset est envahie par les transporteurs clandestins. Ils travaillent sans pression et sans que personne ne les inquiète. Contrairement aux transporteurs légaux qui sont asphyxiés par les factures, les charges et les amendes dressées pour la moindre défaillance automobile. Un problème de veilleuse nous vaut le retrait de permis de conduire pendant que ces fraudeurs, sans foi ni loi, exercent sans autorisation ni licence. C'est de l'injustice ! Nous connaissons des fonctionnaires qui perçoivent un salaire de plus de 70 000 DA par mois et ils exercent cette activité après les horaires de travail sous le regard complice des services de sécurité. Nous avons exposé cet état de fait en adressant moult correspondances à qui de droit, en vain. A chaque fois, on nous accuse une fin de non-recevoir», se lamente Bezza Abdelaziz, président de la section syndicale des chauffeurs de taxi à Tamanrasset. Brandissant des lettres de doléances envoyées aux responsables locaux avec accusé de réception, notre interlocuteur menace de recourir à une grève illimitée si les autorités continuent de cultiver l'indifférence et d'adopter la politique de l'autruche quant à la résolution de cette situation problématique. Avant de revenir sur l'épineux problème de l'insécurité signalé au niveau des anciennes gares du centre-ville et de Tahaggart, ainsi qu'à la nouvelle gare routière dont la gestion est confiée à Sogral, M. Bezza a égrené un chapelet de difficultés rencontrées quotidiennement par les transporteurs à cause de la dégradation avancée du réseau routier de la ville. «Les routes sont impraticables dans certains quartiers. On ne peut pas les desservir en raison du piteux état de la chaussée, à l'exemple de Matna Talat, Essalem Tabarkat et In Kouf. La ville est un perpétuel chantier à cause du lancement asynchrone des travaux de réhabilitation du réseau d'AEP. Le projet du siècle a pris des allures scandaleuses en l'absence de l'Etat. Nous ne demandons pas l'impossible, juste la remise en l'état initial des routes, en attendant l'achèvement des travaux», s'est-il indigné. Le représentant des chauffeurs de taxi, qui se fie aux dernières déclarations du ministre des Transports, Amar Ghoul, concernant l'octroi de licences de taxi, demande que le numéro d'autorisation de stationnement indiqué sur le véhicule soit accordé aussi par la wilaya ou l'APC et non pas seulement par la direction des moudjahidine compte tenu du nombre élevé de transporteurs activant dans ce créneau. Selon M. Bezza, plus de 300 chauffeurs de taxi ayant achevé récemment leur cycle de formation risquent d'être «livrés au diable du désœuvrement à cause de ces licences délivrées au compte-gouttes. Dernièrement et sur ordre du wali on en a pu avoir 56, mais ce nombre reste insuffisant par rapport à la demande enregistrée». Les protestataires réclament également d'abroger la loi portant obligation de la couleur jaune aux taxis et demandent à se contenter du signal lumineux posé sur le toit de la voiture, d'un compteur horokilométrique homologué (taximètre) et d'une plaque scellée au véhicule pour exercer cette activité. Du côté de l'administration, le directeur des transports de la wilaya, Boukar Abdelkader, précise que «les revendications formulées par le syndicat des chauffeurs de taxi ont été transmises au ministère de tutelle. Je ne peux rien faire tant qu'on n'a pas eu de réponse ou d'instruction pour réagir». Pour ce qui est de la prolifération de transporteurs clandestins, la réfection de routes défectueuses et la sécurité des gares routières, M. Boukar répond succinctement qu'il n'est pas dans ses prérogatives d'intervenir dans ces domaines. Pour sa part, le chef de cabinet du wali, qui a reçu une délégation des chauffeurs mécontents, a promis de prendre en charge leurs doléances. Ces protestataires, qui en ont assez des engagements non honorés, menacent de recourir à une grève illimitée si leur dossier est de nouveau relégué aux oubliettes.