Ouf ! Le palais Hassan Pacha, qui a fait l'objet de travaux de restauration, sera réceptionné bientôt. Datant de la fin du XVIIIe siècle, cette somptueuse demeure, jouxtant Djamaâ Ketchaoua et faisant face à Dar Aziza, était dans un état de décrépitude avancé. Il aura fallu la main experte de plusieurs entreprises, dont la dernière, l'Ecotrabeo, maître d'œuvre qui, en 2006, a repris les travaux sur la base de l'étude réalisée par le BET Handassa ouel Bina. Défiguré par les aménagements effectués durant la période coloniale et quasi abandonné après l'Indépendance, cet ex-palais d'hiver du gouverneur (1839-1841) qui servait par la suite de lieu à de célèbres hôtes dont Napoléon III (1860 et 1865) retrouve enfin son lustre d'antan. Un lieu de mémoire qui brille de tout son éclat avec son décor architectural (marbre, céramique, stuc, bois, bronze et verre) et ses éléments architectoniques « reliftés » par le maître d'œuvre qui semble gagner en maturité. Il serait injuste de dire que ce dernier n'a pas gagné en galons en termes de restauration de monuments historiques. N'est-ce pas qu'en forgeant on devient forgeron ? Car, faut-il dire, la réhabilitation du patrimoine immobilier datant des époques lointaines n'est pas le fort de nos entreprises qui manquent de qualification en la matière. C'est leur talon d'Achille. Et c'est à l'honneur de pareilles entreprises que de relever un tel défi, même si, par moments, certaines d'entre elles ont montré un zèle intempestif dans certains sites protégés. A l'image de l'Ofares qui, en confiant l'opération restauration à des entreprises avides de gains rapides et très peu sourcilleuses du caractère architectural que revêt La Casbah, a commis l'impair (travaux viciés et utilisation de matériaux inappropriés) sur le tissu du secteur sauvegardé. Une autre opération chapeautée par le Cneru est cette fois-ci en cours. Elle serait plus fiable, dès lors que 19 BET sont au chevet des pans de mémoire qui restent de la séculaire médina et ses quartiers alentour, apprend-on. Je ferme la parenthèse et je m'interroge sur la finalité de l'élégant et beau palais Hassan Pacha dont la façade principale convoque l'ère du néogothique avec des fenêtres ogivales. A qui sera affecté ce monument ? Sera-t-il un musée ? Abritera-t-il une ONG ? Servira-t-il de structure étatique ? Pense-t-on le mettre à la disposition d'une corporation artisanale censée concourir à la promotion du tourisme ? Ou sera-t-il, tout simplement, livré en pâture à l'usure du temps comme Dar Essouf, et Dar El Cadi… qui ne voit pas encore le jour ?