Dans le cadre de la réhabilitation des demeures et des palais de La Casbah, plusieurs sites classés dans le patrimoine national font l'objet de restauration dans la vieille médina. Confiés à des entreprises communales par la wilaya d'Alger, Dar Essouf et Dar Mustapha Pacha (ancien centre d'artisanat) sont sur le point d'être livrés après plus de deux années de travaux. Quant à Dar El Kadi, dont 90% des travaux sont achevés, il ne reste que le revêtement des parois avec la céramique dont les motifs anciens sont reproduits par un jeune artisan qui élit domicile à Dar Essouf, rue de l'Intendance. Un autre chantier est lancé depuis une année dans un autre palais. Il s'agit de la somptueuse bâtisse Dar Hassan Pacha mitoyenne de la mosquée Ketchaoua. D'autres palais font l'objet de ravalement comme la bâtisse néomauresque où siège la direction du TNA. Il en est de même pour la Maison du millénaire ou le quartier des Raïs dont les parois des trois Bastions (17, 18 et 23) ont été de nouveau crépis pour faire face à l'action d'usure que génère la brise de la mer. Si la livraison du mausolée Sidi Abderrahamane est pour bientôt, à Zoudj Aâyoun, les travaux de restauration concernant la mosquée Ali Bichtin - construite au XVIIe siécle par Piccinino, un corsaire vénitien - avancent pas à pas. En face, Dar El Hamra (la Maison Rouge) est cet autre monument historique dont les travaux de réhabilitation sont menés tambour battant. Une entreprise est à pied d'œuvre depuis plus d'une année pour faire renaître de ses cendres ce palais construit vers la fin du XIIe siècle. Pour l'histoire, cette demeure, connue sous le nom de Mami Arnaute, fut transformée par le dey Hussein (1818-1830) en habitation familiale durant le temps où celui-ci était hûdjat Al Khayl (ministre des Haras et des Domaines) du dey Ben Ahmed. Après la capitulation du dey Hussein le 9 juillet 1830, l'édifice lui a servi de refuge avec sa famille et son protocole, jusqu'à son départ définitif vers Livourne (Italie). A l'époque coloniale, ce somptueux palais royal connut deux mutilations pour agrandir la route. L'édifice se dresse sur cinq niveaux pourvus d'un sous-sol constitué de geôles destinées aux esclaves et d'une galerie souterraine qui menait vers la citadelle (Dar Es Soultane) et de nombreuses pièces. Ce joyau architectural présente un intérieur bordé de corridors formant le grand patio (ouast eddar), qu'embellissent des colonnes de marbre semi-torsadées, parées de balustrades au niveau de chaque étage et des décors enjolivant les murs revêtus de carreaux de delft. Les chambres se caractérisent par des voussures et des caissons sculptés enluminés de dorure. Dès lors, il devient difficile de répondre au caractère architectonique de certains ensembles architecturaux, faute d'entreprise spécialisée dans la restauration des sites et palais, nous dit un responsable au niveau de l'ANA. Tout compte fait, ces palais sont en train de reprendre leurs couleurs du passé. Reste à savoir à quel usage seront-ils destinés. Musée, centres ou tout simplement bureau d'administration abritant les futures structures issues de la restructuration de l'ANA ?