Le climat de tension et de révolte qui a caractérisé la cité Boukhabla, située à la périphérie nord de la ville d'El Eulma, suite aux incidents survenus samedi et dimanche derniers, s'est quelque peu apaisé, après la prise en considération par les autorités locales des revendications des manifestants. A cet égard, une réunion ayant regroupé les autorités locales et les responsables de la Sonelgaz, de l'Algérienne des eaux, des travaux publics, de l'énergie et les représentants de la cité, a débouché par la prise en charge des différents problèmes auxquels font face les citoyens. S'agissant du gaz de ville, il a été convenu le démarrage des travaux dans un mois au plus tard. A cette effet, les citoyens touchés par cette opération sont tenus de s'acquitter d'une contribution de 10 000 DA par foyer. Les représentants des habitants de la cité, regroupés en association, sont chargés de la collecte de la contribution et au versement de celle-ci dans un compte ouvert. Au moment où nous mettions sous presse, une somme de plus d'un milliard de centimes a été déjà amassée. Le montant total de cette opération avoisine les deux milliards de centimes. En ce qui concerne l'eau, les travaux de branchement devront intervenir incessamment, le temps de permettre au service de procéder au recensement des foyers. Les autres problèmes, notamment l'état des routes, le chômage et le transport, ont été largement débattus par les participants et l'on s'attend à des résultats concrets au profit des jeunes. Pour rappel, Boukhabla est une cité « sauvage », née à la faveur de l'exode rural massif durant les années 1970. Durant cette période, les maisons poussaient comme des champignons, construites parfois de nuit, sans aucun respect des normes. Le laisser-faire des autorités locales a contribué à l'expansion de cette cité dont l'empiètement sur des terres agricoles a été manifeste. Les habitants fuyant le chômage, l'isolement et aussi le terrorisme durant les années 1990 se sont installés parfois dans des conditions dramatiques, sans eau, ni électricité, ni route, ni transport. En l'absence d'un réseau d'assainissement, les nouveaux habitants utilisent des fosses septiques dont les répercussions sur l'environnement sont dramatiques. En ce qui concerne l'eau, les habitants ont eu recours aux puits dont la majorité est souillée des suites de la pollution de la nappe phréatique par les fosses septiques. Un cercle vicieux aux retombées désastreuses sur la santé de la population ! Après bien des péripéties, cette cité a été finalement incluse dans le périmètre urbain et a pu par la suite bénéficier des différents services de la collectivité, comme l'assainissement, le ramassage des ordures ménagères, l'électricité, le transport, etc. Toutefois, le problème d'eau et de gaz est resté en suspens. Interpellés à plusieurs reprises, les responsables concernés ont toujours promis aux résidants de prendre en charge leurs revendications. Mais toutes les promesses sont restées au stade de… promesses. Il a fallu que les habitants investissent la rue pour qu'on se rappelle enfin de ces fameuses promesses.