Lyon De notre correspondant En mai dernier, c'était en Espagne, à Polop, que l'OAS, en tenue de camouflage derrière l'association Adimad, voulait honorer Albert Dovecar, Roger Degueldre, Claude Piegts et Jean-Marie Bastien-Thiry, militants de l'Algérie française, jugés et condamnés à mort pour leurs actes de cruauté, dont un attentat manqué contre le général de Gaulle, alors président de la République française. La plaque projetée avait été annulée. Par contre, à Béziers, elle existe. Là, le maire d'extrême-droite, Robert Menard, a détourné le 5 juillet en une cérémonie à la mémoire des victimes civiles du 5 juillet 1962 à Oran. De ce triste épisode de la fin du conflit algérien, les responsabilités ne sont pas encore tirées au clair. D'ailleurs, on estime, comme le pense Henri Pouillot, que dans les massacres d'Oran, «l'OAS porte une terrible responsabilité par ses provocations précédant cette date, voulant remettre en cause le cessez-le-feu». Quant aux fusillés de l'OAS, parlant de l'exécution (le 6 juillet) de Roger Degueldre chef des «Réseaux Delta», «ces commandos de la mort sont responsables de près de 3000 morts». Pourtant, le maire de Béziers a prononcé ce qui ressemble à une réhabilitation de l'OAS, en s'inclinant devant la plaque des quatre tueurs après avoir déposé une gerbe de fleurs. Jean-François Gavoury, président de l'Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l'OAS (Anpromevo) nous confie que «c'est loin d'être un événement anodin puisqu'il s'est déroulé sous la conduite d'un maire et d'un député, Elie Aboud, qui lui-même m'avait affirmé lors d'un entretien téléphonique privé qu'il ne viendrait plus jamais devant cette stèle à l'effigie des condamnés à mort et fusillés de l'OAS. Il y a eu un manquement à la parole donnée, mais surtout à la dignité de la République». Pour le fils de Roger Gavoury, commissaire assassiné à Alger en 1961, dont Dovecar et Piegts étaient les instigateurs, «il s'agit d'une forme de première dans la mesure où le député aurait dû tourner les talons devant cet hommage qui a été détourné de son but initial. De Ménard, il ne faut jamais s'étonner, car c'est un provocateur-né et fils d'un ancien sympathisant de l'OAS, lui-même est désormais un militant de l'Algérie française, ce qui est prouvé par la teneur de son propos. Qui plus est reproduit sur le site internet de la mairie, il n'en a pas honte et il le diffuse largement.» Pour M. Gavoury, les propos de Menard relèvent du révisionnisme justifiant les jusqu'aux boutistes pro-Algérie française, en dépit de l'histoire qui a tranché et de la justice qui est passée pour ces tueurs en 1962. Pour lui, il reste la possibilité aux représentants de l'Etat, sous-préfet et préfet de l'Hérault, ou bien au procureur de la République d'agir «s'ils estiment qu'il y a un délit. Pour nous, dans la mesure où cela est susceptible de se reproduire l'an prochain, et peut-être avant, le 19 mars, ou encore le 26 mars, nous verrons alors comment riposter», conclut Jean- François Gavoury, dont l'association a en projet d'inaugurer une stèle cet été au Touvet en Isère en hommage aux victimes de l'OAS.