La décision d'annuler l'autorisation a été prise pour ne créer aucun doute, selon le maire d'Alicante. Finalement, la stèle qui devait être érigée en Espagne, au cimetière de Polop (Alicante) pour honorer les terroristes de l'OAS ne se fera pas. Dans un premier temps, interrogé par le journal espagnol El Periódico, le maire de cette commune, Gabriel Fernández Fernández, ne voyait aucun mal à ce geste qui a vivement inquiété en France l'Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l'OAS (Anpromevo). Pour l'élu espagnol, lui-même marié à une fille issue d'une famille pied-noir repliée dans la péninsule ibérique, il s'agissait simplement d'un lieu où les anciens d'Algérie pourraient venir se recueillir, «ce n'est pas une question de droite ou de gauche», disait au journaliste le maire socialiste, qui estime à 400 le nombre de pieds-noirs à Alicante, en comptant les descendants. Il ne voyait pas l'ombre portée de l'Adimad, prête-nom de l'OAS, organisation terroriste qui ensanglanta les dernières années et les derniers mois de l'Algérie française. Pour sa part, un porte-parole de l'ambassade de France à Madrid affirmait à El Periódico que «l'initiative est totalement privée et que les autorités françaises ne s'y associent en aucune manière». Sans plus de commentaire ! Le président de l'Anpromevo, Jean-François Gavoury, ne voyait pas les choses de cette manière. Fils du commissaire assassiné à Alger par l'OAS (la plaque voulait rendre hommage à Claude Piegts et Albert Dovecar auteurs de plusieurs meurtres, dont celui du commissaire), il indiquait que ce monument en France serait illégal en fonction de la jurisprudence «Marignane : «Comment un monument qui fait explicitement l'apologie du terrorisme, que la justice française ordonnerait de détruire, peut être admis dans un autre pays européen ?» La demande de l'Anpromevo aura finalement eu un impact. Le conseil municipal de la commune a refusé l'autorisation. Au quotidien El Periódico, le maire a déclaré : «On a causé un trouble sans le vouloir». L'article conclut en laissant la parole à l'élu : «Nous avons discuté avec certaines personnes et les plaques que nous autorisions ne disaient rien de répréhensible, mais peut-être une certaine organisation voulait-elle quelque chose de différent, et c'est pourquoi nous avons décidé d'annuler cette initiative avant qu'elle ne crée davantage de doutes», se défend le maire, en réduisant l'hommage controversé à un malentendu. Triste malentendu, lorsqu'il s'agit de remettre à l'honneur les deux tueurs précités, ainsi que Roger Degueldre, créateur des commandos Delta et Jean Bastien-Thiéry, condamné à mort pour avoir attenté à la vie du Général de Gaulle en 1962.