Le sélectionneur national, Rabah Saâdane, a affiché sa colère contre les médias, jeudi, lors de la conférence de presse qu'il a animée au stade du 5 Juillet. Il a fait savoir qu'il n'avait pas apprécié ce qui s'est dit et écrit sur l'équipe nationale ces derniers jours. Il n'y a pas que lui qui soit mécontent de la tournure des événements. Les journalistes, eux aussi, ont beaucoup à dire sur la gestion de la communication de l'équipe nationale. Jeudi, elle a atteint ses limites et le coach national aurait dû faire l'économie d'une polémique que lui et ses proches alimentent depuis des mois. Ses sorties médiatiques sélectives exaspèrent plus d'un confrère. Dernier exemple, mercredi, la veille de la conférence de presse, Rabah Saâdane se rend dans les locaux d'un journal et s'entretient longuement avec ses journalistes. Il n'y a aucun mal à le faire si justement ce rendez-vous n'intervient pas la veille de sa rencontre avec l'ensemble des journalistes de la presse nationale. Loin de nous l'idée de critiquer nos confrères d'Echourouk, journal qui est lié à la FAF par un contrat de partenariat. Ce qui est très contestable par contre, c'est le choix du timing, et là Rabah Saâdane a poignardé allégrement la presse en toute connaissance de cause. C'est la seconde fois qu'il commet cet impair. La première, c'était au lendemain du match Algérie-Egypte (3-1) en juin dernier à Blida. Après la rencontre, les journalistes ont éprouvé toutes les peines du monde à travailler. Interdits d'accès au terrain pendant un bon moment, chassés des alentours des vestiaires par les cerbères de service, des confrères ont fait de la gymnastique pour « voler » de brèves déclarations. Alors que tout le monde attendait une sortie de Rabah Saâdane pour le lendemain, celui-ci est bien venu à une conférence de presse, mais deux jours plus tard... et un jour après le passage chez nos confrères d'Echourouk à Kouba. Bien étrange manière de concevoir la communication au royaume de l'équipe nationale. Rabah Saâdane s'en tire bien. Sous d'autres cieux, sa conférence de jeudi aurait été boycottée par les journalistes. Il s'est permis de porter un jugement sur le travail des journalistes qui, d'après lui, ne doivent pas s'exprimer sur des sujets qui alimentent la vie de l'équipe nationale à l'instar du feuilleton Mehdi Lacen. Qu'a-t-il fait lui et ses proches du staff technique pour que le débat soit transparent ? A-t-il parlé, répondu aux attentes des journalistes ? Rien ! Lui et ses collaborateurs ne répondent jamais au téléphone. Ce « privilège » est accordé à certains seulement. Cette manière d'appréhender la relation journalistes-staff technique participe-t-elle à une cohabitation harmonieuse entre les deux parties ? Pas du tout ! Il fait ensuite semblant de s'étonner des réactions des journalistes. S'il n'est pas conscient que tout est à revoir et que lui, le premier, doit s'y employer pour changer les rapports presse-staff technique, les dégâts seront autrement plus importants que ceux qui se sont produits jusqu'à présent. Les journalistes de la presse sportive, on peut leur faire tous les (mauvais) procès, il n'en demeure pas moins qu'ils lui ont réservé jusque-là un traitement de faveur, ça le change des pénibles moments qu'il a vécus dans les années 1980. Est-ce à dire, pour autant, que sa gestion de la sélection est exempte de tout reproche ? On n'ira pas jusque-là. Petit retour en arrière. Après la qualification face au Sénégal, le sélectionneur avait annoncé quelques (fermes) résolutions en matière de sélection, entre autres, la forme, le niveau de compétitivité... qui n'ont pas résisté aux réflexes ancrés et sont fondu comme neige au soleil. L'épisode Hadj Aïssa en est la parfaite illustration... sans être (malheureusement) l'exception, puisque des joueurs qui ne sont pas titulaires au sein de leurs clubs respectifs et qui n'ont pas joué depuis des semaines, pour ne pas dire des mois, se retrouvent comme par enchantement dans la liste des heureux élus. La rocambolesque convocation-éviction de Benyamina (Berlin) donne à réfléchir. Pourquoi l'avoir couché sur la liste pour l'enlever quelques minutes plus tard ? Le staff technique peut-il apporter un élément de réponse à cette énigme ? Le dossier Mehdi Lacen fait toujours la une, faute de clarifications de la part du premier responsable de la sélection. Lorsqu'il a abordé le sujet, il est resté vague dans ses explications.« Affaire personnelle », s'est-il contenté de rétorquer. La politique de communication de l'équipe nationale doit être totalement revue. Ce n'est pas avec les interdits et la fuite en avant qu'on arrivera à instaurer un climat de travail et de collaboration serein autour de l'équipe nationale. Il y a mieux que ces réflexes.