Mais ce n'est qu'une apparence. En fait, ces touristes, tous Algériens, ne font que transiter une journée ou une nuit, pour repartir vers la Tunisie par voie terrestre. Les taxis clandestins, les animateurs du marché parallèle de la devise et la dizaine d'agences de voyage implantées au chef-lieu de wilaya profitent bien de cette situation. Jusqu'au 30 juillet, 510 219 touristes algériens ont franchi les frontières à l'aéroport d'Alger, à El Ayoun et Oum Tboul (El Tarf), Tébessa, Souk Ahras et El Oued, soit plus d'un demi-million d'estivants selon les chiffres avancés par les Douanes et la Police aux frontières (PAF) algériennes. Ce qui correspond à une hausse de 26% par rapport à la même période de l'année 2013. Les autorités tunisiennes prévoient un million de touristes algériens cette année, a-t-on souligné. Ces Algériens ont pris la destination de la Tunisie pour des séjours de courte et moyenne durées. Particulièrement les émigrés qui, aussitôt débarqués au port ou à l'aéroport de Annaba, ne passent qu'une nuitée aux côtés de leurs proches pour repartir aussitôt vers la frontière est. «Bien que la situation sécuritaire en Tunisie ne soit pas au beau fixe, nous avons enregistré un afflux important de clients, surtout des émigrés algériens, intéressés par un séjour à Tabarka, Djerba, Nabeul, Hammamet, Sousse, Gamart…. Je peux vous assurer que sur le marché parallèle de la devise, plus d'un million d'euros, déclarés ou non à la douane par les immigrés à leur arrivée en Algérie, ont été échangés contre des dinars tunisiens. Nous nous attendons à un rush plus important dès la mi-août et jusqu'à la fin du mois. Une capacité d'accueil limitée, des prix exorbitants, l'absence de structures de tourisme et des prestations de service loin d'être à la mesure des attentes de ceux qui cherchent à profiter de leurs vacances font fuir les touristes locaux et émigrés vers la Tunisie, qui offre mieux», affirme un spécialiste en tourisme. Le constat est réel et fait l'unanimité dans le monde des spécialistes des circuits touristiques et des agences de voyage de la wilaya. Et si, en Tunisie, l'équivalent de 350 dinars tunisiens (25 000 DA) suffit à une personne pour un séjour d'une semaine avec prise en charge totale dans un hôtel trois étoiles, à Annaba, ce montant est à multiplier par dix avec une absence de confort et des prestations à la limite de l'intolérable. «La promotion du tourisme ne peut se faire que par l'accueil des visiteurs étrangers intéressés par un séjour en Algérie, où le produit touristique existe. Malheureusement, rien n'est fait pour améliorer les prestations de service. Le manque de professionnalisme de certains hôteliers et autres gestionnaires de lieux de détente et de loisirs est un handicap majeur. L'absence d'hygiène et le comportement des préposés à un quelconque service de consommation sont d'autres facteurs qui font fuir les touristes», précise le même spécialiste, qui gère une agence de voyage. L'arnaque et la majoration excessive des prix à la consommation guettent le client dans presque tous les hôtels, restaurants, cafétérias, plages et lieux de loisirs, sans compter la présence permanente de «parkingueurs». Seul point noir ayant affecté le tourisme en Tunisie : l'imposition au retour des visiteurs vers l'Algérie de verser une somme de 30DT, l'équivalent de 2100 DA. Les ressortissants tunisiens résidant à l'étranger en sont exempts. Du coup, l'application immédiate de cette mesure aux frontières a surpris plus d'un Algérien de retour vers le pays. Ignorant cette mesure, ces derniers ont refusé de payer avant de revenir à de meilleurs sentiments en organisant des quêtes pour ceux n'ayant pas prévu cet impôt. «J'ignorais qu'il y avait une taxe à payer à la sortie de la Tunisie. Je n'ai pas prévu cette dépense. Heureusement qu'une de mes connaissances a payé pour moi», regrette Mohamed El Hadi, natif de Annaba, rencontré hier au poste d'El Ayoun. Cependant, il a loué les efforts des autorités et des opérateurs touristiques tunisiens pour l'accueil personnalisé au profit des Algériens.