Les efforts des pouvoirs publics quant à faire de la ville des Jujubes, une destination touristique par excellence, ne semblent pas traduire les objectifs tracés. Il semble que l'affluence des touristes et des estivants en provenance des wilayas de l'intérieur du pays et de l'Hexagone, sera une fois de plus, orientée vers le pays voisin, la Tunisie en l'occurrence. Ce dernier ne cesse de renforcer son secteur avec des produits touristiques haut de gamme. En témoignent les deux grands hôtels: la Cigale Gamarte et la Cigale Tabarka. Situé dans la ville frontière algéro-tunisienne, ce dernier, un hôtel cinq étoiles de luxe est placé au coeur de la ville, ce qui répond parfaitement à la demande des estivants algériens. La Cigale Tabarka propose des chambres avec une magnifique vue sur la mer, dotées de toutes les commodités, climatisation et salle de bains privée, thalassothérapie et terrain de golf entre autres. Les prix sont abordables avec une qualité de service irréprochable. Cet hôtel de luxe est classé parmi les meilleurs hôtels en Tunisie et pas seulement à Tabarka. Cette ville frontalière va sans doute attirer de plus en plus de vacanciers nationaux et internationaux, au bénéfice de ce pays voisin dont la culture touristique témoigne du saut qualitatif dans le domaine. D'ailleurs, c'est ce qui a été remarqué lors du 3e Salon international du tourisme organisé en avril dernier à Annaba. Une édition qui, apparemment, a été dédiée aux participants, notamment les agences de voyages tunisiennes présentes en force. Une présence qui, avec le savoir communiquer et la maîtrise de leurs produits, leur a permis de commercialiser la destination de leur pays, détenteur de la Palme d'or en matière de tourisme, notamment ces dernières années, où, le nombre d'Algériens se rendant chaque année en Tunisie, ne cesse d'augmenter. Face à la faiblesse de la maîtrise de la commercialisation du produit algérien et l'absence de standards internationaux du tourisme, Annaba sera une nouvelle fois, une ville de transit pour des milliers de vacanciers à destination de ce pays voisin. Une réalité déplorée par de nombreux opérateurs, versés dans l'hôtellerie, dont le chiffre d'affaires, en pleine haute saison, peine à franchir le seuil des 20%. «A voir les plaques d'immatriculation des voitures circulant dans la ville, on a l'impression que tous ces estivants, venus des quatre coins du pays, vont passer leurs vacances à Annaba. Mais non, ils ne font que transiter pour aller séjourner en Tunisie», nous dira, le propriétaire d'un hôtel du centre-ville de Annaba. «La plupart font une halte d'une journée tout au plus deux nuits, avant de reprendre la route vers la Tunisie, où, la notion du tourisme résonne à l'international», devait-il ajouter. Notre interlocuteur déplore l'absence d'infrastructures d'accompagnement, dont souffre le parc hôtelier à Annaba. «A son actif, plusieurs hôtels, la ville offre des lieux de détente qui ne sont pas en adéquation avec le label international. Cela dit, elle n'a pas encore atteint le niveau huppé du tourisme. Ce n'est qu'en apparence qu'on parle du développement du tourisme à Annaba et même ailleurs», devait préciser le même interlocuteur. Cet avis et bien d'autres aussi similaires qu'identiques ont fait l'unanimité de plusieurs hôteliers et gérants d'agences de voyages à la wilaya de Annaba. Convergeant vers le même point de vue, ces opérateurs du tourisme à Annaba se sont accordés à dire que Annaba ne peut être que ville de transit, pour l'autre côté de la frontière est du pays. Mieux encore, nos interlocuteurs voient en la politique adoptée par l'Etat, dans le développement du tourisme, une politique boiteuse de par l'absence de superstructures de tourisme et de prestations de service à la mesure de l'attente de ceux qui cherchent à jouir de leurs congés, faisant fuir tout le monde. «À quoi servent les hôtels, aménagements et embellissements, en l'absence de malls, de grandes surfaces, de parcs lands ou un aquaparc et des terrains de golf?», s'est demandé, un gérant d'une agence de voyages. «Annaba est encore loin de devenir cette destination touristique, comme l'entendent ses gestionnaires. Les discours animés de bonne volonté pour ressusciter le secteur du tourisme à Annaba, demeurent tributaires de moult lacunes à plus d'un niveau», devait-il ajouter. Selon notre interlocuteur, il ne s'agit pas uniquement de la qualité de la prestation de service, comme plaidée dans les diverses occasions en rapport avec ce secteur névralgique de l'économie locale et nationale. Le visiteur qu'il soit algérien ou étranger selon lui, a besoin du haut de gamme, autre que la sécurité, l'éclairage public, la disponibilité de l'eau en H24 entre autres. Si le défaut des moyens a contraint certains dits «habitués de Annaba» à y revenir chaque année, d'autres qui sont la majorité d'ailleurs, optent pour des vacances en Tunisie et même ailleurs, la Turquie, l'Espagne et Dubai. Des pays où le touriste algérien ou étranger trouve le circuit proprement dit touristique. «Ces pays et bien d'autres vendent des produits que nous avons, mais dont nous n'avons pas la culture de conserver ou de commercialiser. Le touriste paye la connaissance de l'histoire et la découverte des lieux porteurs de cette histoire», a expliqué H. S, représentant d'une agence de voyages «Le concept du tourisme signifie la conquête de la découverte. Ce qui nous manque, nous, dans cette fameuse conquête du lustre d'antan de Annaba la Coquette», a déploré le jeune homme. Et pourtant, l'antique Hippone, cette ville millénaire datant de plus de 2500 ans, regorge de lieux d'histoire, susceptibles de donner au tourisme un élan, lui permettant de rivaliser avec les plus grandes capitales du monde. Malheureusement, choyée par les dons de Dame Nature et protégée par le golfe Khalidj El Mordjane (golfe Corail), Annaba dont l'histoire remonte à une époque très reculée, n'est pas en mesure de se hisser au rang des villes touristiques. En effet, il semble que les sites archéologiques, lieux et monuments historiques, comme les vestiges et le musée d'Hippone, les mosquées El Bey et Abou Marouane, le mausolée de Sidi Brahim, la basilique Saint-Augustin, la vieille ville, avec son patrimoine de plusieurs siècles, Ras El Hamra et ses zerdas ainsi que le fort des Suppliciés, n'ont pas été suffisamment mis en relief pour pouvoir faire parler d'eux et attirer les curieux parmi ces touristes convoités.