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Les frontières, toujours les frontières
Publié dans El Watan le 29 - 08 - 2014

En ces temps de rentrée, le ministre des Affaires étrangères doit gérer plusieurs questions épineuses, face à l'instabilité croissante qui secoue bon nombre de nos pays frontaliers. «On compte sur l'Algérie pour stabiliser la région. D'une part parce qu'elle bénéficie d'une solide expérience et de moyens, et d'autre part parce qu'elle n'a pas le choix», souligne Abdelaziz Rahabi. Au rang des priorités, il y a bien sûr la situation au Mali.
Les négociations qui reprendront le 1er septembre à Alger ont permis, pour l'heure, de réunir gouvernement et groupes armés autour d'une même table et de tracer une feuille de route comprenant un cessez-le-feu imminent et durable. En proie à des oppositions internes depuis son indépendance, le Mali doit composer avec les revendications autonomistes des groupes armés du nord du pays, mais également avec la présence du Mujao, toujours menaçant. A ce sujet, les groupes armés détiennent toujours quatre otages algériens, parmi lesquels le consul de Gao, Boualem Sias.
Pour le moment, l'Exécutif algérien a deux objectifs : maintenir le contact avec les ravisseurs, mais aussi tenter de trouver un terrain d'entente entre les groupes armés du Nord et le pouvoir central de Bamako. Les négociations ne devront déboucher en aucun cas sur une séparation du territoire malien. Alger la communauté internationale ont fait de l'intégrité étatique malienne une condition. Le gouvernement algérien souhaite vivement parvenir à un accord qu'il pourra brandir à l'ouverture de la prochaine session de l'Assemblée générale des Nations unies, et s'imposer comme un partenaire crédible.
Selon un spécialiste de la question, il faut encourager Bamako à favoriser la représentation des populations du Nord au sein du pouvoir, ainsi que le développement économique de ces régions. «Le gouvernement malien pense, à tort, que perdre le pouvoir local revient à perdre le pouvoir central.»
Frontières
La diplomatie algérienne s'exprime presque exclusivement sur le terrain sécuritaire. «Au cours des cinquante dernières années, notre action diplomatique s'est concentrée sur le règlement de crises dans la région et ailleurs. Notre pays est sahélien, sa sécurité intérieure est tributaire des soubresauts qui peuvent intervenir dans chacun des pays frontaliers», avait déclaré M. Lamamra à nos confrères de Jeune Afrique, il y a deux semaines. «Notre approche du “voisinage positif” n'est pas une vue de l'esprit : l'Algérie est un pays exportateur net de stabilité.» La menace terroriste, qui semble prendre chaque jour un peu plus d'ampleur sur l'ensemble du Sahel, est le principal cheval de bataille d'Alger encouragé par les puissances occidentales à jouer son rôle de pacificateur.
A vrai dire, le retour de l'Algérie sur la scène africaine est assez récent, comme l'explique M. Rahabi : «Pendant longtemps, l'Algérie a laissé l'Afrique à El Gueddafi et au Maroc.» Pour rappel, le président Bouteflika n'a jamais effectué de visite officielle en Afrique subsaharienne, hors sommets internationaux (multilatéraux). Depuis la chute d'El Gueddafi et le désordre libyen, l'Algérie est de facto revenue sur le devant de la scène. L'arrivée au pouvoir d'Al Sissi renforce la collaboration avec l'Egypte.
Les Occidentaux ont quitté la Libye, sans attendre une phase de stabilisation pourtant primordiale. Le pouvoir algérien devrait profiter de ce relatif abandon pour fédérer autour d'elle et gagner en influence. «Le terrorisme, notamment, est transfrontalier, on le dit depuis 1994. Et les frontières sont poreuses, ce qui entraîne une contagion des soucis. Cela nécessite une riposte internationale», plaide Abdelaziz Rahabi. Sécuriser la frontière est devenu une priorité, avant de parler de règlement politique du conflit.
Avec la Tunisie, où la menace terroriste ne désenfle pas, Alger sera inévitablement amené à renforcer son soutien logistique, en plus de son expertise en matière de lutte antiterroriste. Enfin, l'implication de l'Algérie au Moyen-Orient restera très réduite, malgré ses tentatives d'intermédiation, les pays du Golfe gardant la mainmise sur la Ligue arabe et collaborant étroitement avec les puissances occidentales.


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