Que faut-il retenir une année après le massacre de plus d'un millier de civils dont des centaines d'enfants, à Ghaza ? Qu'est-ce qui a changé pour les rescapés de cette abominable agression israélienne, au nez et à la barbe de ce qu'il convient d'appeler la communauté internationale ? Rien, ou si peu. Les larmes de crocodile versées par certaines âmes sensibles et les partisans de la géopolitique variable ont séché aussitôt que se sont tues les armes du duo de feu Barak-Livni. Une année après, Ghaza est encore un champ de ruines. Sa population survit, à défaut de vivre. La puissance de feu d'Israël a tout dévasté dans ce qui s'apparente, aux yeux du monde horrifiés, à une volonté d'extermination d'un peuple sur ses terres. L'armée de Shimon Pérès avait tout cassé, sauf ce Hamas contre lequel elle avait justifié et « vendu » son attaque à la communauté internationale. Sur ce coup-là, force est de constater que le tir a curieusement raté sa cible. Exprès ? Peut-être. Le Hamas est encore là, plus fort et sans doute plus crédible aux yeux des Palestiniens, qui saluent encore sa « résistance ». Mieux encore, ce mouvement, censé incarner l'ennemi juré d'Israël, est en train de négocier le plus normalement du monde avec les dirigeants de l'Etat hébreu l'échange de prisonniers par Moubarak interposé. Bizarre, en effet, cette inimitié aussi intime… En face, l'Autorité chancelante de Mahmoud Abbas est réduite à suivre les tractations des deux protagonistes dans l'espoir d'obtenir le transfert du pouvoir de Ghaza en Cisjordanie. Son mandat présidentiel terminé, M. Abbas n'a plus voix au chapitre ni de l'aura à l'étranger. Lâché par tout le monde, Abou Mazen ne compte plus que sur l'Egypte pour le remettre en selle, avec la bénédiction d'Israël. Il n'a réussi à obtenir ni le gel total de la colonisation en Cisjordanie ni le paraphe de Hamas sur l'accord de réconciliation interpalestinienne. Mahmoud Abbas est aujourd'hui un homme seul. Même Barack Obama a fini par se dégonfler devant la puissance lobbyiste d'Israël. Son « salam alaïkoum » du Caire fut trop sentimental pour décliner une autre façon de traiter avec le monde arabo-musulman. En décrétant ce jour-là que la colonisation israélienne était « illégitime » et qu'elle devait être « gelée totalement », Barack Obama s'était mis dans la posture de David contre Goliath. Le nouveau président américain a appris à ses dépens qu'il n'est pas de bon ton de « menacer » aussi crûment Israël. La suite, tout le monde la connaît. Barack Obama n'a plus reparlé du gel total des colonies. Pis, les Etats-Unis version Obama ont bloqué publiquement le rapport Goldstone qui accuse Israël de crimes de guerre. Le locataire de la Maison-Blanche a enfin intériorisé les fondamentaux de la politique étrangère américaine fondée sur le soutien sans réserve et à toute épreuve d'Israël. Pour la population de Ghaza mais surtout le président Abbas, c'est le « rêve » d'une Amérique juste et respectueuse de la légalité internationale qui vire au cauchemar. Quant aux promesses faites par Obama au Caire de forcer la main à Israël, elles n'engagent que ceux qui les ont crues. Entre Ghaza de l'année dernière et celle d'aujourd'hui, rien n'a vraiment changé. Barack Obama, lui, a changé. Mais pas dans le sens souhaité par les Palestiniens.