Atmosphère étrange dans la capitale européenne, Bruxelles. Au siège de l'OTAN, comme dans ceux du Parlement européen (PE), de la commission ou du conseil des ministres, un air « paisible » y règne, et l'on sent dans les immenses couloirs de ces augustes institutions comme une brise légère qui accompagne le repos, les vacances, le farniente. Dans la salle de presse climatisée du PE traîne le dernier communiqué du Président qui dénonce « l'intervention disproportionnée d'Israël au Liban ». Les quelques journalistes encore présents se croisent dans un silence pesant et, lorsqu'ils évoquent la guerre qui se déroule au Liban et en Palestine, ils affichent des mines désolées et ouvrent de grands yeux interrogateurs. Où est passée la célérité européenne dans le vote immédiat de résolutions condamnant la violation de la légalité internationale, l'assassinat de civils et le bombardement aveugle et sauvage d'un pays souverain ? Et les sanctions que l'UE brandit, par exemple, aux portes de Téhéran ? Et les interminables réunions avec l'administration de George W. Bush et l'ONU pour faire pression sur Téhéran ? Et jusqu'à la rue européenne plus préoccupée par le sort du championnat italien de football ou l'issue du tour de France cycliste que de celui d'enfants libanais brûlés vifs par les bombes israéliennes. Dans une guerre, l'urgence pour la communauté internationale n'est pas de se torturer l'esprit à savoir qui a commencé. L'urgence est de faire cesser le feu. Après, on instruit pour savoir qui et pourquoi. Dans le cas de l'horreur qui se joue au Moyen-Orient, qui ne sait pas, homme politique ou simple citoyen, que « l'œil » du cyclone se trouve à Ghaza et la Cisjordanie ? C'est-à-dire en Palestine occupée ? Est-il possible de faire la paix lorsque les enfants de Ghaza sont massacrés en « live » sous les viseurs des caméras ? Le Hezbollah libanais a enlevé deux soldats israéliens en solidarité avec le Hamas palestinien. Ils veulent « troquer » trois soldats israéliens contre quelques centaines des dix mille Palestiniens qui croupissent dans les geôles d'Israël. Le procédé est ridicule et la méthode employée par les islamistes inconsciente. N'est-ce pas là le souhait d'Israël. Trois soldats pour s'emparer du Liban et terminer sa besogne en Palestine. Rappelons-nous avec quelle vitesse et quelle vigueur la « communauté internationale », c'est-à-dire principalement l'UE et les USA, ont réagi contre la Syrie au lendemain de l'assassinat du Premier ministre libanais Rafik Hariri. En moins de trois mois, le Liban était « libéré » des forces syriennes. Souvenons-nous des multiples manifestations dans les rues européennes en soutien au malheur des Libanais. Combien la mobilisation pour la démocratie et les droits de l'homme au Liban était spectaculaire, et combien la Syrie était humiliée devant le tribunal du Conseil de sécurité de l'ONU. Mais pourquoi, bon Dieu, tout se tait, se recroqueville, bégaie, bafoue et ne rougit même pas dès qu'il s'agit de la sécurité d'Israël ? Demain, l'UE et les USA viendront conclure d'autres accords commerciaux, des partenariats et dispenseront des séminaires de formation en matière de droits de l'homme et de bonne gouvernance au grand Moyen-Orient, aux Arabes. Certains dirigeants de pays arabes bomberons alors fièrement le torse devant leurs peuples, pour montrer combien ils sont considérés par les puissants de ce monde. Leur fierté se mesure depuis toujours au degré de leur allégeance et de l'angle de leur courbette. Circulez, il n'y a rien à voir !