C'est du bout des lèvres que la communauté internationale a «déploré» la sanglante attaque israélienne contre les civils. Encore une fois, Israël frappe, assuré de l'impunité, des civils palestiniens, singulièrement par les tirs dirigés contre l'hôpital de Khan Younès, au mépris de toutes les conventions internationales dans ce cas de figure. Une vingtaine de Palestiniens ont ainsi été massacrés, notamment par le missile tiré sur la foule, au camp de réfugiés de Khan Younès, à partir d'un hélicoptère de combat. Assuré qu'Israël n'encourt aucune condamnation, quelles que soient les atrocités qu'elle puisse commettre contre un peuple qui lutte pour ses droits, le chef du gouvernement israélien, Ariel Sharon, affirme: «L'opération compliquée que nous avons menée (lundi) a été un succès, elle a été importante et il y aura d'autres opérations antiterroristes de ce genre à Ghaza.» Par ces propos outranciers, le commanditaire du génocide du camp martyr de Jénine ne défie même pas la communauté internationale, sachant que celle-ci n'est pas prête à prendre des mesures sérieuses contre Israël, qui a toujours bafoué les lois internationales par son arrogance. Il faudrait pour cela que la communauté internationale de même que les Nations unies disent clairement la responsabilité de l'Etat hébreu dans la spirale de la violence qui a embrasé le Proche-Orient depuis la prise de pouvoir du chef du Likoud. Il n'en a rien été, et si condamnation il y eut, c'est envers les faibles, ces Palestiniens, qui plus que jamais, ont le tort de se battre pour leurs droits spoliés par l'occupant israélien. Hier, la communauté internationale s'est surtout fait remarquer par la veulerie de ses réactions, alors que tout démontre que l'assassinat des Palestiniens à Khan Younès était parfaitement gratuit et en tout état de cause ne contribue d'aucune manière à apaiser le climat délétère créé par les exactions de l'armée d'occupation israélienne. Certes, la France a été l'un des premiers pays à «déplorer» le raid meurtrier de l'armée israélienne, mais sans pour autant aller jusqu'à condamner en bonne et due forme une agression que rien ne justifie. Autant dire que la communauté internationale, de toute évidence impuissante, et tétanisée par Israël, encourage de par son silence coupable les Israéliens à persister dans les destructions et les humiliations quotidiennes des Palestiniens. Dès lors, la communauté internationale, qui focalise sur Saddam Hussein, oublie, en revanche, le criminel qui gouverne à Tel-Aviv, et dont les mains sont tachées du sang de milliers de Palestiniens. Mais le comble est atteint par les Etats-Unis lesquels, par la voix d'un porte-parole du secrétariat d'Etat, se sont déclarés «profondément troublés» par l'opération. Un euphémisme? Même pas, si ce n'est une forme de mépris pour ces Palestiniens qui tombent quotidiennement sous les balles de l'armée d'occupation israélienne. George W. Bush, qui va rencontrer le 16 octobre prochain, pour la sixième ou septième fois, Ariel Sharon, en moins d'un an, va-t-il enfin faire comprendre à son protégé que les actions de l'armée israélienne dans les territoires palestiniens occupés, outre qu'elles sont improductives, mettent en danger la sécurité de toute la région du Proche-Orient? Il y a tout lieu d'en douter, tant les préoccupations américaines sont ailleurs. Cette mansuétude internationale pour Israël est à peine atténuée par les déclarations du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, lequel a estimé, hier, que les agressions israéliennes, comme celle de lundi au camp de réfugiés de Khan Younès, «ne servent pas la cause de la sécurité d'Israël» indiquant: «Au contraire, ces actions, en même temps qu'elles augmentent le sens de vulnérabilité et d'insécurité à la fois chez les Palestiniens et les Israéliens, peuvent provoquer une nouvelle escalade», ajoutant: «De telles actions n'ont de justification ni légale ni morale.» Aussi impuissant que la communauté internationale, le secrétaire général de l'ONU se limite ainsi à une profession de foi, qui est loin de dissuader le gouvernement israélien des agressions criminelles qu'il commet contre le peuple palestinien. Toutefois, il convient de noter que le nouveau Haut commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Sergio Vieira de Mello, a protesté, hier, contre la mort de civils palestiniens, réclamant une enquête, dans une lettre au chef de la diplomatie israélienne, Shimon Peres, dans laquelle il écrit: «Le meurtre d'au moins 14 Palestiniens, parmi lesquels un certain nombre d'enfants, représente une perte inacceptable de vies humaines qui semble constituer une violation des Conventions de Genève (sur le droit de guerre) ainsi que le Pacte international sur les droits civils et politiques.» Mais une enquête pour quoi faire lorsque l'on sait l'incapacité dans laquelle s'est trouvée l'ONU, qui n'a pu enquêter sur les massacres du camp palestinien de Jénine en Cisjordanie au printemps dernier. Aussi, il faudra bien que la communauté internationale et les Nations unies prennent leurs responsabilités en ramenant l'Etat hébreu à ses vraies dimensions et en lui appliquant les lois communes auxquelles sont assujettis les autres pays.