A partir de 2007, année de l'organisation d'Alger, capitale de la culture arabe, le budget de la culture en Algérie a augmenté d'une façon spectaculaire.De seulement 38 millions de dollars en 2005, il a atteint son niveau historique de 561 millions de dollars en 2012, année qui a coïncidé avec la célébration du cinquantenaire de l'indépendance. Pour financer les grandes manifestations culturelles, l'Etat procédait par la création de comptes spéciaux dont la gestion peu transparente a été à maintes reprises relevée par la Cour des comptes. Le ministère de la Culture puisait dans ses comptes ainsi que dans son budget annuel pour financer les différentes institutions et activités sous sa tutelle. Ainsi, pour augmenter le budget de son département, l'ex-ministre de la Culture a trouvé une astuce simple : multiplier l'organisation de manifestations d'ampleur, quitte à ce qu'elles soient hors sujet ou reproduites pour convaincre le chef du gouvernement de mettre le paquet. Ajoutée aux deux manifestations citées, le Festival panafricain d'Alger en 2009 et Tlemcen, capitale de la culture islamique en 2011 ont donc permis de maintenir le budget de la culture à un niveau élevé dans le but de financer des activités officielles, notamment une centaine de festivals annuels institutionnalisés, hyper budgétivores, dont les dates de programmation sont juste réajustées pour coïncider avec les grandes manifestations culturelles. Un tour de passe-passe qui a permis de financer un secteur dans lequel l'Etat est l'unique entrepreneur. En 2014, le budget de la culture a atteint 314 millions de dollars, dont 16% sont destinés à l'organisation de la manifestation Constantine, capitale de la culture arabe 2015. Pour la première fois, un budget pour une grande manifestation a été directement intégré au budget du ministère et non pas versé dans un compte spécial. Maladroite, cette stratégie de chercher à tout prix un prétexte pour gonfler le budget du ministère de la Culture est insoutenable, car viendra le jour où l'Algérie aura épuisé toutes les manifestations régionales existantes. La meilleure stratégie c'est de négocier, avec le gouvernement, 1% dédié exclusivement à la culture, quelle que soit la conjoncture, car si le budget de la culture en Algérie est équivalent aujourd'hui aux budgets de la culture du Portugal et de la Grèce réunis, il n'a représenté que 0,5% du budget de l'Etat en 2014.