L'application de la décision, prise il y a huit mois par le président de la République à la veille de la campagne électorale, suscite moult tergiversations. La dette, ce grand souci, ne cesse de hanter les esprits des agriculteurs. S'agissant d'une créance douteuse en termes bancaires, ou irrécupérable pour les banques, son effacement est, pour une grande partie d'entre eux, une occasion de sortie honorable octroyée par le président de la République, quand bien même à la veille d'une campagne électorale. Toutefois, pour la rendre viable et l'inscrire dans une dynamique de recomposition du secteur, estime Kamel Djabri, ingénieur en aménagement rural et membre de la Chambre d'agriculture de Annaba (CAA), il y a lieu d'identifier et de rendre publique, et en toute transparence, la liste des bénéficiaires dont les activités en cours justifient leur profil de véritables agriculteurs. L'effacement de la dette va ainsi leur permettre de redynamiser leurs actions et d'accorder des avantages particuliers à ceux qui ont payé leur dû, conformément aux engagements auxquels ils ont souscrits. M. A., propriétaire terrien, également membre de la CCA, préconise quant à lui une série de mesures pour que l'opération soit équitable et puisse atteindre les objectifs que se sont assignés les pouvoirs publics à travers sa mise en place. Parmi ces mesures, indique t-il, il y a d'abord lieu de décomposer ladite dette comme suit : une partie du crédit principal peut faire l'objet d'un rééchelonnement sans intérêts à l'effet de ménager le contribuable. Aussi, il propose l'effacement total des intérêts cumulés et autres pénalités, s'agissant en réalité d'une dette fictive issue d'un calcul systématique découlant de l'octroi du crédit. Toujours d'après la même source, le cumul des pénalités est dû au retard dans le remboursement et autres services liés à la gestion de l'échéancier de remboursement. Pour ce faire, ce montant doit être effacé dans sa globalité car s'agissant également de dettes fictives n'ayant jamais fait l'objet d'un versement pour les agriculteurs. La décomposition de cette dette déterminera, à coup sûr, la part de la dette réelle que le Trésor public peut prendre en charge. Ce qui ouvrira les portes à une reprise effective des activités des véritables et honnêtes agriculteurs sans pour autant dégrever de façon grave le Trésor public à la faveur d'un système bancaire qui n'a pas été en mesure d'accompagner la relance de l'économie agricole par le secteur privé, souligne de son côté le président de l'association nationale des conserveurs Actom. Le secteur de la transformation agroalimentaire doit impérativement bénéficier de cette mesure afin de réhabiliter les zones d'activités devenues actuellement de véritables sanctuaires. Pour lui, l'attention de ceux chargés de cette question doit être de rigueur du fait que toute anomalie dans la gestion de ce lourd et sensible dossier fera de l'action du Président un autre pavé dans la mare dont l'agriculture n'a que trop souffert. L'effort de modernisation de l'agriculture et de l'industrie, de transformation en particulier, quand bien même soutenu par l'Etat, ne peut porter ses fruits que s'il est accompagné du réaménagement du système des crédits, assure le président d'Actom. Un réaménagement qui, selon lui, ne peut être engagé sans la prise en compte des spécificités de chaque activité, du maniement adéquat du subventionnement et de la réorganisation du marché. Trois chantiers incontournables à mettre en œuvre car à défaut, il serait difficile de faire évoluer la situation.