Près d'une centaine de délégués des agriculteurs et éleveurs de la wilaya de Tizi Ouzou, affiliés à l'Union nationale des paysans algériens (UNPA), se sont regroupés devant l'entrée du siège de la wilaya, demandant audience au wali pour lui exposer leurs préoccupations majeures, à savoir intervenir auprès des banques et des “à-qui-de-droit” pour l'effacement de leurs dettes, conformément à la décision du président de la République, évoquée dans son discours du 26 novembre 2000. Dans son instruction, rapportée dans le Journal officiel de la République algérienne n°38 du 21/07/2001, le président de la République avait décidé d'“effacer de façon unilatérale la dette des agriculteurs sans distinction aucune, à l'échelle nationale. Le Trésor public est autorisé à procéder au traitement des dettes des agriculteurs vis-à-vis de l'Etat et du système bancaire afin de restituer à ces derniers leurs capacités d'autofinancement et leurs solvabilités”. Les délégués des agriculteurs ont pu voir les “élus” APW (FFS et FLN), venus à leur rencontre, pour les informer que le problème des dettes des éleveurs-agriculteurs avait été soulevé auparavant, selon ces élus, devant le premier magistrat de la wilaya, leur exprimant à cette occasion “la solidarité et le soutien total de l'APW”, promettant d'intervenir encore auprès du wali en faveur des agriculteurs de la wilaya. Les “manifestants” qui ne voulaient pas d'audience du SG de wilaya, comme il leur a été proposé, car ils l'auraient déjà “vu moult fois, mais sans le moindre résultat”, ont déployé, au cours de leur sit-in, des banderoles dans lesquelles ils dénonçaient “la discrimination et la marginalisation des professionnels du secteur de l'agriculteur”, demandant “d'assainir” celui-ci et “la prise en charge de leurs problèmes, toutes activités confondues”, “l'égalité dans l'application des décisions”, et ce, outre “l'effacement de la dette des agriculteurs”. “Nous n'avons pas cessé de saisir par correspondance depuis 2002 l'ensemble des dirigeants du pays et du secteur (le président de la République, l'ex et l'actuel Chef du gouvernement, les ministres de l'Agriculture et des Finances, le secrétaire national de l'UNPA) et par des demandes d'audience (la dernière pour le wali de Tizi Ouzou en mai dernier) ; à ce jour, pas la moindre suite”, affirme Moula Abderrahmane, un des délégués et éleveur de son état. “Nous nous sommes demandé, avant de décider de cette action pacifique, à quelle porte faudrait-il encore taper”, ont ajouté d'autres délégués, “convaincus” que si rien n'est obtenu comme réponse aujourd'hui, “dans notre prochaine action, ce seront les 240 agriculteurs et éleveurs de la région qui investiront le siège de la wilaya de Tizi Ouzou avec leurs armadas de troupeaux, de produits et autres machines”, préviennent-ils. “La dette des agriculteurs de la wilaya de Tizi Ouzou vis-à-vis de la BADR (Banque de l'agriculture et du développement rural, ndlr) et d'autres banques, évaluée à base de récépissés remplis et déposés auprès de celles-ci par les agriculteurs, sans distinction entre Ansej et non Ansej, s'élevait à 249 446 358,03 DA, montant que le Trésor public a racheté. Mais pour l'effacement, seul le montant de 90 186 348,21 DA est épongé, alors qu'il reste 159 260 009,82 DA”, affirme encore un des délégués, en s'interrogeant où est parti ce dernier montant de près de 16 milliards de centimes. Ils expliquent devant de nombreux journalistes : “L'instruction présidentielle, promulguée en mars 2001 pour toucher tous les agriculteurs à l'échelle nationale, ne fait ni distinction entre agriculteurs ni limitation ou précision dans les dates.” Or, à Tizi Ouzou, s'étonnent-ils, “les agriculteurs sont harcelés par les banques avec des notifications par le biais de huissiers de justice à rembourser leurs dettes. Et Dieu sait ce que les calamités (sécheresse, évènements de Kabylie pendant deux ans, l'insécurité…) ont causé comme dégâts au secteur de l'agriculture dans la wilaya”, ont-ils encore déploré. De nombreux éleveurs de la région, affirme un délégué, “ont été “invités”, trois mois seulement après avoir obtenu le crédit, pour l'acquisition de vaches laitières, à entamer le paiement des échéances… Comme si la vache vêle tout les trois mois !”, ironise encore le même délégué pour montrer l'ampleur des “absurdités” dont sont victimes les éleveurs. À l'issue de leur AG de lundi dernier au siège de l'UNPA, les délégués des agriculteurs et éleveurs de la wilaya ont décidé de se retrouver encore lundi prochain pour une autre assemblée, dans l'espoir d'aboutir à un compromis entre tous les éleveurs. S. Y.