L'élection présidentielle de 2019 se tiendra, sauf changement de dernière minute, dans les délais. Après des semaines de flou et de polémique autour du report de l'échéance, l'option semble définitivement évacuée du débat. C'est ce qu'a laissé entendre, mardi dernier, le président du parti TAJ, Amar Ghoul, qui est aussi membre de la coalition gouvernementale, composée également du FLN, du RND et du MPA. Selon lui, il n'y aura «ni report du scrutin ni prorogation du mandat actuel du chef de l'Etat». Cette sortie est intervenue au lendemain d'une mise au point du chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, qui a mis en garde «d'anciens militaires à la retraite» ayant appelé, indirectement, l'armée à empêcher un viol de la Constitution. Avant cela, le coordinateur de l'instance dirigeante du FLN, Mouad Bouchareb, et le RND d'Ahmed Ouyahia se sont exprimés contre le report de cette échéance. Cela veut dire que l'élection se tiendra le mois d'avril prochain. A cet effet, le corps électoral devrait être convoqué dans les prochains jours, conformément aux dispositions de la loi électorale. «Le corps électoral est convoqué par décret présidentiel, quatre-vingt-dix (90) jours avant la date du scrutin, sous réserve des dispositions de l'article 102 de la Constitution», stipule l'article 136 du code électoral. Sachant que tous les scrutins se tiennent habituellement les jeudis, le corps électoral devrait être convoqué soit le 10, le 17 ou le 24 janvier en cours pour la tenue de l'élection dans la journée du 11, du 18 ou du 25 avril 2019. En tout cas, la situation sera claire dans les deux prochaines semaines, pour ce que qui est de l'organisation de cette élection. Il ne restera alors que la problématique des candidatures à cette échéance, censée être décisive dans la vie d'un pays. Qui prendra part à cette compétition ? Jusqu'à présent, les candidats à la candidature ne se bousculent pas au portillon. Même les prétendants habituels, qui ont toujours joué le rôle de lièvres durant les précédentes élections, ne s'affichent pas. Les Moussa Touati, Louisa Hanoune, Ali Fawzi Rebaïne, qui n'avaient pas raté le rendez-vous depuis 2004, n'ont pour l'instant pas exprimé leurs intentions par rapport à cette échéance. Certes, le délai légal pour le dépôt des candidatures est, selon l'article 74 de la loi électorale, de «soixante (60) jours francs avant la date du scrutin». Mais une participation sérieuse à une telle compétition suppose un engagement au préalable dans une précampagne en vue d'exposer les programmes, constituer des staffs de campagne et collecter les parrainages d'électeurs exigés. A trois mois du scrutin, seul un cadre d'un parti, en l'occurrence Fethi Ghares (MDS), et quelques inconnus de la scène politique nationale ont exprimé leur souhait d'être de la partie. Pourront-ils dépasser l'écueil des 60 000 signatures d'électeurs ? Difficile ! S'achemine-t-on vers une simple formalité en vue de valider un 5e mandat ? C'est le cas visiblement. Les jeux sont fermés. Les tenants du pouvoir semblent vouloir reproduire le scénario de 2009, où le chef de l'Etat, en bonne santé à l'époque, a validé son 3e mandat après un semblant de compétition avec des candidats qui ne pesaient pas lourd dans l'échiquier politique. Après avoir sauté le verrou de la limitation des mandats présidentiels à deux en 2008, le pouvoir a tout fait pour décourager tous les «poids lourds» de la scène politique nationale. Bis repetita. En vue d'imposer le passage en force en 2019, les tenants du pouvoir ont très tôt lancé la campagne pour «la continuité». Dès le début de l'année 2018, des chefs de partis de l'alliance présidentielle et des responsables des organisations de masse du pouvoir ont multiplié les appels, durant toute l'année précédente, au maintien du chef de l'Etat, malgré la dégradation de son état de santé. La démarche s'avère payante, pour l'instant. Le brouillage des pistes et la multiplication des scénarios autour de la prochaine présidentielle ont fini par désorienter l'ensemble des acteurs de l'opposition, qui peinent à avoir une lecture claire de la situation. D'où l'hésitation à s'engager dans cette joute.