Meryem Mehdi, cette femme qui accuse la compagnie British Gas de l'avoir licenciée abusivement, est en grève de la faim depuis 14 jours. Afin de lui apporter son soutien, et ainsi faire pression sur la compagnie britannique en vue d'une réintégration de la plaignante, le comité de femmes du Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap) a tenté d'organiser un sit-in devant le siège social de British Gas, hier dans la mi-journée. Ce rassemblement avait effectivement tout de l'expédition, tant la « cible » est difficile à localiser.Le point de ralliement était l'ambassade du Canada. Toutefois, aux abords de la représentation diplomatique, nulle trace d'un quelconque bureau de la multinationale. Quelques minutes avant l'heure du rendez-vous, une dizaine de personnes se rassemblent devant un grand portail vert, mitoyen du siège de l'entreprise canadienne SNC Lavalin. Dans le groupe, Nacira Ghozlane, secrétaire générale du Snapap. « Nous attendons d'être au complet pour commencer notre action », explique-t-elle avant d'ajouter : « Le siège est plutôt bien caché, il se trouve à l'intérieur de la propriété Bengana, juste à côté de la résidence de l'ambassade du Canada. » Puis, au fil des minutes, l'assemblée s'épaissit. Les représentantes du comité des femmes, Meriem Maârouf du Conseil national des enseignants contractuels (CNEC), de « simples » syndicalistes ainsi que d'autres travailleurs ayant été lésés par leur employeur, à l'instar de Yacine Zaïd ou Ziani Slim, toujours en conflit avec respectivement le groupe Compass et le groupe pétrolier Weatherford. Le groupe est aussi rejoint par des députés, le Dr Khendek Mohamed, du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), et vice-président de l'Assemblée populaire nationale ainsi que par Tahar Besbas, vice-président du groupe parlementaire et secrétaire national aux affaires sociales du RCD. M. Besbas compte d'ailleurs interpeller le ministre du Travail à ce sujet. De même, deux membres du bureau national du Parti pour la laïcité et la démocratie (PLD), Moulay Chentouf et Naïmi Belakhdar, étaient présents. Et last but not least, Salah Eddine Sidhoum, éminent chirurgien et défenseur des droits de l'homme, a répondu à l'appel, en compagnie de son fils, avocat au barreau d'Alger, et qui est en charge du volet législatif du dossier Meryem Mehdi. Lorsque le « coup d'envoi » du sit-in est lancé, la quarantaine de contestataires, certains brandissant des pancartes, d'autres les ayant carrément accrochées sur le buste, et où l'on peut lire « BG out », « Halte à l'esclavage », pénètrent dans la résidence. Le portail en fer forgé est clos, et de sa lucarne, l'agent de sécurité lance à la troupe un « vous vous trompez, il n'y a pas de BG ici, c'est une propriété privée ». Désarçonnés, ils font marche arrière. Contactant au téléphone la première concernée, Mme Mehdi, Mme Ghozlane confirme l'adresse, et, se dirigeant de nouveau vers le portail, demande au planton de lui permettre d'entrer dans les locaux « juste pour déposer une lettre », promet-elle. Mais peine perdue, puisque celui-ci lui confie qu'il a « reçu des instructions ». Ne se laissant pas démonter, ils campent sur les lieux plus d'une demi-heure, scandant des slogans « hostiles », ils vilipendent et conspuent ces « colonisateurs des temps modernes ». Ensuite, ils continueront leur mouvement de contestation à l'extérieur, dans la rue, où les forces de l'ordre encadrent les manifestants. Ces derniers exposent aux policiers et aux passants leurs motivations, et l'état « alarmant » dans lequel se trouve la gréviste. « Je l'ai évacuée hier à l'hôpital Zmirli », affirme M. Besbas, tandis que Mme Ghozlane explique que Meryem a fait une grave hypoglycémie, et qu'elle est sous perfusion. M. Sidhoum, qui lui a rendu visite pour s'enquérir de son état de santé, déplore avoir été très peiné par sa situation.