Ce nouveau-né du mouvement Daech, ayant été à l'origine du kidnapping suivi de l'exécution du touriste français Hervé Gourdel en Kabylie, est présenté comme un ogre alors que la réalité est tout autre. «Cette organisation terroriste est constituée de ce qui reste des katibat de l'ex-GSPC qui sévissent dans les maquis des wilayas de Boumerdès, Tizi Ouzou et Bouira. Leur nombre ne dépasse pas la cinquantaine», affirme une source sécuritaire. Ses fondateurs sont des sanguinaires notoires qui se sont détachés d'AQMI à cause des difficultés auxquelles ils font face pour attirer de nouvelles recrues. L'exécution du ressortissant français scelle définitivement leur allégeance à l'EIIL. Le chef de cette phalange, Gouri Abdelmalek dit Khaled Abu Selmane, est connu pour être le commanditaire de tous les attentats kamikazes perpétrés entre 2007 et 2011 dans la région. Aujourd'hui, suite aux pertes subies ces trois dernières années, il crée Jund Al Khilafah dans l'espoir de revenir sur la scène et gagner la sympathie des salafistes extrémistes. Hier, les comptes rendus de certains organes de presse sur la situation sécuritaire en Kabylie ont replongé l'opinion publique nationale dans le climat de terreur des années 1990. Or, le retour de la paix et la réduction des capacités de nuisance des groupes armés qui rôdent dans la région sont une donne reconnue par tous, et ce, malgré la persistance des actes de kidnapping dont la plupart sont l'œuvre de réseaux de banditisme. Depuis l'annonce de son allégeance à Daech, en juin dernier, aucun attentat terroriste n'a été signalé dans la région. Dans la wilaya de Boumerdès, l'activité des groupes armés est presque réduite à néant. Les quelques éléments qui sévissaient dans la région se seraient déplacés vers Tizi Ouzou. Leur stratégie consiste à perpétrer des attentats spectaculaires pour frapper les esprits et avoir un écho médiatique. Ce nouveau mode opératoire est adopté surtout quand il y a négligence et relâchement de la part des services de sécurité, comme ce fut le cas lors de l'attaque perpétrée en mai dernier à Iboudrarène (Tizi Ouzou) faisant 11 morts parmi les militaires. «Maintenant, ils prennent le temps de réunir le plus grand nombre d'éléments avant de passer à l'acte afin de donner l'illusion qu'ils sont nombreux et qu'ils ont gardé leurs forces intactes», explique un officier des services de sécurité. Pour celui-ci, les groupuscules terroristes qui écument les maquis de la région ont créé Jund El Khilafah et rallié Daech dans l'espoir de se régénérer et d'attirer les islamistes radicaux dans leurs rangs, notamment ceux galvanisés par le sale boulot accompli par leurs semblables en Irak et en Syrie.