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La légende continue encore et toujours
Publié dans El Watan le 29 - 09 - 2014

Une idole des jeunes. Il avait et a toujours, jusqu'à aujourd'hui, des millions de fans. Il chantait l'amour et surtout l'espoir. Il s'appelle cheb Hasni. Il était entré dans l'histoire en donnant un concert légendaire au stade du 5 Juillet, à Alger, en 1993, devant plus de 65 000 spectateurs, lors de la célébration de la Fête de l'Indépendance. Alors qu'il était destiné à un avenir radieux, la décennie noire — pour ne pas dire rouge —, la folie meurtrière et terroriste dépassant l'entendement avaient décidé, un certain jeudi 29 septembre, 1994, de couper les ailes, non, les airs du rossignol. Il a été lâchement assassiné devant chez lui, dans son quartier natal de Gambetta, à Oran, la patrie du raï. Cette année, il aurait eu 46 ans.
Ce 29 septembre 1994, le temps s'est arrêté à Oran. Il était 11h30 alors que Hasni se trouvait à quelques mètres du seuil de son domicile, dans son quartier natal de Gambetta — désormais baptisé Haouch Hasni depuis sa mort. Un individu s'approche de lui. Croyant naïvement qu'il avait affaire à un fan, à un admirateur, Hasni se prête à la perfide sollicitation en abordant avec confiance celui qui sera son assassin. L'on dit que celui-ci enlaça Hasni, lui posant amicalement le bras sur l'épaule tout en discutant avec lui. Et puis, une détonation déchire le ciel. Hasni s'écroule. Il vient de recevoir une décharge de mahchoucha (canon scié) à bout portant, dans le cou. Il est achevé par un second coup de feu à la tête.
Houari, voyant son frère Hasni gisant dans une mare de sang, accourt en appelant à l'aide. Les tueurs prennent la fuite à bord d'un véhicule de marque R12 qu'ils abandonneront plus tard au quartier Bel Air, riverain avec Gambetta. Hasni est évacué vers le CHU d'Oran où il succombe à ses blessures.Boualem Disco Maghreb, l'éditeur oranais, se souvient : «La veille, mercredi, nous nous sommes vus vers 19h, non loin de la station régionale de l'ENTV. Il m'avait invité à l'accompagner au mariage d'une amie commune, jeune policière à l'aéroport d'Oran, à Bel Air où ses assassins ont laissé la voiture qui a servi pour leur abject crime, le lendemain…»
Hymne à l'amour
La terrible nouvelle se répand comme une traînée de poudre. Et comme dit un de ses amis : «Ce jour-là, non seulement Oran paraissait exiguë, mais aussi l'Algérie tout entière. Une grosse perte !» Ils ont été des centaines à se rendre à l'hôpital pour s'enquérir de l'état de santé de l'idole des jeunes. Tout le pays est endeuillé. Le raï est mutilé. Et la musique algérienne est en berne. Hasni est le premier martyr de la chanson grossissant la liste génocidaire, macabre et rouge sang des «chasseurs de lumières», comme dirait Idir : Rachid Baba Ahmed le producteur et arrangeur, cheb Aziz, la chanteuse Lila Amara et son mari Bachir, Matoub Lounès — qui avait été kidnappé par le GIAcinq jours avant l'assassinat de Cheb Hasni — ainsi que d'autres figures de proue de la culture algérienne. Comme le grand journaliste et écrivain Tahar Djaout, l'émérite dramaturge Abdelkader Alloula, le comédien Azzedine Medjoubi, le chroniqueur Saïd Mekbel… Une interminable litanie assourdissante de douleur !
L'intolérance inepte et mortifère avait décidé d'ôter la vie à Hasni parce qu'il représentait l'expression juvénile algérienne, un idéal candide faisant rêver des légions de jeunes épris des choses de la vie, des écarts existentialistes, de l'amour aussi et surtout des filles. Il savait parler aux jeunes. Loin de tout calcul ou autre considération politico-politicienne. Le raï de cheb Hasni était apolitique. Vraiment à l'eau de rose. Dans ses chansons, il contait et racontait les femmes, les chagrins d'amour, les déceptions, les séparations, les retrouvailles… Bref, l'ivresse de l'amour. La vie ! Son hymne ! Mais il n'hésitait guère de mâtiner accessoirement ses textes des fulgurances protestataires d'une jeunesse désabusée par l'establishment, la malvie, un futur obstrué comme Visa, Deux pièces cuisine…
Cheb Hasni avait ses petites phrases prémonitoires comme dans Galou Hasni Mat, Mektoub ou Ouakal Rabi : «Je vais avec elle-même je meurs par balle, je m'en remets à Dieu.» Ainsi que celles issues d'interview telles que : «Laâmar beyadi Allah (les âmes sont aux mains de Dieu)», «Hadja bark, Allah Yetawel laâmar (une chose, que Dieu nous prête vie)», «Chaque début a une fin», «Je ne sais pas, el mektoub de toute façon» ou encore «Si on savait ce qui va se passer dans cinq minutes, ce serait formidable.»

Enfant de la balle…ronde
Sa première passion, avant le chant, fut le football. Hasni s'était essayé à la balle ronde au sein d'un club de seconde division, l'ASCO. Il y fera montre d'un talent avéré en tant que technicien du cuir. «Avant je jouais au football avec l'ASCO. Ceux qui ont joué avec moi ? Hafid Tasfaout, Cherif El Ouazani qui était au Mouloudia (MC Oran), Meguenni, Boukar, Belkhatouat, Omar Belaâtoui… En 1985, je travaillais dans une boîte de nuit à Oran (rire).
Les éditeurs ont entendu parler d'un jeune qui sait bien chanter (le raï) et a une belle voix. Aussi, ont-ils commencé de temps à autre venir voir et à découvrir. Tout a commencé quand le leader de club allait célébrer le mariage de son frère. J'étais jeune, je suis parti avec les copains du quartier, d'ailleurs en survêtement de l'ASCO ) Je me rappelle très bien. Parce que c'était mes premiers pas (rire). J'étais invité.
Les jeunes du quartier ont dit à l'hôte du mariage que je voulais chanter. Je suis monté sur scène. Du coup, je lui ai plu, musicalement parlant. Deux jours après, il est venu me voir. Il m'a proposé de venir à la boîte de nuit pour voir comment ça se passe, si j'étais toutefois intéressé. Et déjà, cette année-là, j'avais arrêté les études. J'avais arrêté en 4e année moyenne (collège). Je m'accrochais au football. Au gré des jours, de la vie, Dieu m'a ramené ce mektoub (destin) est venu. Et puis, j'ai embrassé une carrière. C'était inattendu ! Peu à peu, en 1986, j'ai eu l'opportunité de faire une cassette (un duo) avec cheba Zahouania… Depuis, c'était le décollage, mon frère !» avait confié cheb Hasni au journaliste et dramatuge Mourad Senouci, lors d'une émission radiophonique, en 1993, à Oran.
Remarqué par un producteur d'une maison de disques oranaise, il signe son succès d'estime à 19 ans, en formant un duo de chic et de choc, à la manière de Fadéla et Sahraoui, avec une raïwoman à la voix très «rock» (rauque), cheba Zehouania, de huit ans son aînée. Baraka M'ranika, une chanson paillarde, jugée licencieuse et shocking par le prosélytisme extrémiste naissant, fut un tube de l'été 1987. Mais après une série de flops, Hasni, ambitieux, se décale du raï viril, machiste et de l'amour vache de ses pères spirituels et ses pairs les Khaled, Mami, Sahraoui, Hamid, Hindi, Zahouania… Il innove en adoucissant les mœurs musicales du raï. Il crée son propre style. Un raï romantique, mélodique, langoureux et sentimental porté par une voix plaintive, émouvante, pathétique et déchirante. Avec cette beauté de la tristesse qui fera sa marque de fabrique. Un raï-lamento entraînant auquel il insuffle une seconde jeunesse et un bain de jouvence sur des textes et des paroles propres et soft.
Avec Hasni, le raï pénétrait enfin dans les chaumières, par opposition au raï hard à la terminologie gênante. Ne volant guère son titre de crooner, affublé du surnom de «Julio Iglesias du raï», Hasni explose avec Gaâ N'ssa, Baïda mon amour, Consulat, Aâlach Ya Aynia, Amana, Tellement Chaba, Nehlef Jamais de la vie et, bien sûr, son lancinant, prémonitoire et testamentaire hymne national à l'espoir, Tal Ghiabek Ya Gh'zali. Un précieux legs qui demeure toujours en vogue et très prisé par la jeunesse.
C'est dire que Hasni était un artiste «leader» à sa manière. Il toucha aussi plus d'un en interprétant des titres autobiographiques portant sur son divorce, la séparation avec son fils Abdellah et son déchirement familial : Mouhal n'sbor aâla oualdi, Men fraqha makaditche ou encore Saraha raha. Ses compositions raï mêlaient aussi bien des emprunts àla variété française (Michelle Torr ou Comme d'habitude avec Samaât Enass) au rythme baladi et égyptien de George Wassouf, Abdelhalim Hafez ou Farid El Attrache (Aâlache ya aynia, Aâlache ya bent enass, Omri Omri…) en passant par de belles reprises de Houari Benchenet comme Djebel Wahrane, Rabta el hana et surtout l'excellent Chira li nabghiha. Hasni chanta aussi du wahrani pur jus tel que Djar alia el hem du poète Abdelkader El Khaldi. Il aura été un artiste qui, malgré les oripeaux de cieux plus cléments, n'a pas voulu quitter son pays.
«Ma mère, Gambetta et voir mes amis, c'est l'Amérique pour moi…»
Pourtant, il avait chanté Eli fiha fiha encourageant les jeunes à l'exil. «Ma mère, Gambetta et voir mes amis, c'est l'Amérique pour moi…», rétorquait-il à ses proches l'encourageant à partir outre-mer pour fuir le terrorisme.
Curieusement et contrairement à ce qu'on croit, il est le plus grand vendeur de CD raï depuis 20 ans. Cheb Hasni reste l'indétrônable et l'indémodable. Pa un jour ne passe sans qu'un CD, une compilation ne sorte.
Chaque jour, au cimetière Aïn Beïda, à Oran, où il repose, sa tombe est fleurie et arrosée. Empreintes fidèles de sa famille et de ses fans. Il est entré dans le panthéon des artistes prématurément morts comme Otis Redding, Jimi Hendrix, Jim Morrison, John Lennon, Peter Tosh, Marvin Gaye, Jeff Buckley, Michael Jackson ou encore Amy Whinehouse. Sur son éternelle épitaphe, l'on peut consigner les lacrymales paroles de la chanson Galou Hasni mat (ils ont dit que Hasni est mort), deux ans avant sa disparition où des rumeurs le donnaient pour mort : «Vous m'avez tué alors que je suis vivant !» La légende continue encore et toujours !


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