Si aucun cas de personne atteinte du virus Ebola n'a été enregistré en Algérie, les autorités semblent prendre très au sérieux les menaces de cette épidémie qui se répand rapidement à travers plusieurs pays d'Afrique, notamment en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia. L'inquiétude est d'autant plus grande, lorsque l'on sait que ce virus, qui a fait jusque-là près de 3500 morts en Afrique de l'Ouest particulièrement, a, depuis quelques jours, atteint l'Europe. Un premier cas de cette épidémie de fièvre hémorragique a été détecté lundi en Espagne. Il s'agit d'une aide-soignante espagnole qui avait traité deux missionnaires du Liberia et de Sierra Leone décédés de la fièvre Ebola dans un hôpital à Madrid. C'est ainsi que pour se protéger contre cette épidémie, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf, a souligné hier la nécessité de mettre en place un dispositif renforcé au niveau des postes-frontières pour faire face au virus Ebola et au coronavirus. En visite à l'aéroport et au port d'Alger, Abdelmalek Boudiaf a indiqué que son département «appliquait les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) liées à la lutte contre les virus Ebola et Corona» mettant l'accent sur les mesures «draconiennes» prises par le ministère au niveau des postes-frontières du pays. Mesures de prévention appliquées Elargie à tous les ports et aéroports du pays, cette mesure se résume en la mise en place d'équipes et d'équipements (caméras thermiques et thermomètres électroniques) pour un contrôle sanitaire des voyageurs. Concrètement, il s'agit de la réactivation du dispositif qui était en place pour le virus H1N1. Cette décision intervient à la veille du retour de la première vague des hadjis des Lieux Saints et au lendemain de l'apparition du premier cas de virus Ebola en Europe (Espagne). Il n'est pas sans diminuer le risque qui se transmettrait des voyageurs en provenance des pays africains et des éventuels émigrants clandestins qui ne cessent depuis des mois de franchir nos frontières. Face à ce phénomène, les services sanitaires de la wilaya de Tamanrasset ont décidé d'ores et déjà de prendre des mesures de prévention, notamment dans les zones frontalières, contre la propagation du virus. Cela étant, «l'équipe médicale installée à l'aéroport d'Alger travaille 24h/24 tout au long de l'année», a affirmé le docteur Fatiha Allem, des services sanitaires de l'aéroport Houari Boumediène, indiquant que cette équipe était prête à accueillir le premier groupe de hadjis attendu aujourd'hui. Le président-directeur général de l'Entreprise de gestion des services et des infrastructures aéroportuaires, Tahar Allache, a estimé, de son côté, nécessaire de coordonner les efforts entre les différents secteurs concernés pour la mise en œuvre du dispositif de prévention mis en place par le ministère de la Santé. C'est dire que le ministre de la Santé qui a qualifié, en avril dernier, de «faible» le risque de la propagation de l'épidémie du virus Ebola en Algérie, est revenu sur sa déclaration en prenant au sérieux la menace de cette épidémie. Cela dit, l'épidémie d'Ebola s'accroît de manière exponentielle dans les pays cités précédemment. L'OMS table sur 20 000 cas au mois de novembre, si rien ne vient freiner la progression de ce virus. Et pour y faire face, l'OMS pourrait conseiller, dans les prochains jours, un contrôle thermique des passagers qui transitent par les aéroports africains.Ce système, basé sur des caméras qui analysent la température corporelle, a déjà été mis en place pour le SRAS. Si ce système a montré ses limites, il se révélerait cependant très utile pour déceler les variations de température des passagers en provenance de zones à risque.