C'est à ce titre que le moudjahid Ghafir Mohamed (80 ans), dit Moh Clichy, avait été invité à animer une conférence sur le rôle de l'émigration contre le colonialisme français et l'impact de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961 sur l'histoire de l'Algérie. Les étudiants et leurs enseignants ont suivi religieusement l'intervention, d'une durée de 75 minutes, de Moh Clichy, le chef de la superzone de la Wilaya I (Paris Sud), l'un des organisateurs des manifestations du 17 Octobre. Le moudjahid Ghafir Mohamed qui s'est avéré un excellent pédagogue, s'exprimait en arabe et en français. L'intervention était ponctuée par des pointes d'humour, mais surtout il a étayé sa conférence par des copies de documents historiques authentiques. Des salves d'applaudissements interrompaient sa conférence. «Le 17 octobre 1961 demeure la dernière bataille de la Révolution algérienne, a-t-il déclaré. Je suis très heureux de me retrouver parmi vous, car je dois vous avouer que nos jeunes se trouvent dans un carrefour et cherchent la bonne direction pour continuer leur chemin, il faut qu'ils trouvent les repères pour avancer, par conséquent notre jeunesse devra s'appuyer sur le savoir, la connaissance et faire un travail de mémoire, afin de pouvoir s'imprégner de la mémoire et du savoir pour hisser notre pays parmi les grandes nations développées de ce monde.» Ghafir Mohamed a entamé sa conférence depuis la création de l'Etoile nord-africaine (ENA) en 1926, pour rappeler dans quelles conditions avaient été créés le PPA (1937), le MTLD (1946), l'OS (1947), le rôle de Mohamed Boudiaf et de Mostefa Ben Boulaid, la manifestation du 14 juillet 1953 à Paris, le message du 20 août 1956 adressé par le FLN à la fédération FLN de France, le rôle de l'émigration dans l'apport au budget de guerre de la Révolution. Il a évoqué aussi les actions menées par l'émigration auprès de l'opinion internationale et française, le militantisme de Jean-Paul Sartre et des amis français en faveur de l'Indépendance de l'Algérie, les actions spectaculaires engagées par les fidayine sur le territoire français, la création du second front armé en France, les massacres perpétrés par la police coloniale contre la communauté algérienne en France jusqu'à la répression féroce contre les compatriotes travaillant en France, en mettant l'accent sur la solidarité des commerçants, des ouvriers et prisonniers algériens durant ces moments, en réponse à l'appel du FLN. Le sort de la jeune martyre Fatima Bedar a été rappelé par Moh Clichy, qui a achevé son intervention par la récitation du texte appris par cœur en prison, en 1958, avant de le prononcer au tribunal en France. Moult détails de certains faits historiques ont été révélés par le conférencier et appréciés par l'assistance. «L'Algérie a eu des enfants visionnaires durant ces années difficiles. Abane Ramdane et Larbi Ben M'hidi ont été de véritables architectes pour notre Révolution. Krim Belkacem et bien d'autres avaient rejoint le maquis en 1947, mais Abane Ramdane avait interdit l'utilisation par les militants du ‘je' et du ‘moi'. L'indépendance de notre pays a été le résultat d'un travail collégial. Le peuple algérien est l'unique héros de cette victoire contre la France coloniale», conclut-il. L'intervention de Moh Clichy a été saluée par des applaudissements nourris de l'assistance. L'orateur s'est dit «honoré» par l'invitation faite par la directrice du centre universitaire de Tipasa, qui avait annoncé auparavant l'ouverture solennelle de l'année universitaire.