Abane, un visionnaire hors pair, a pu rassembler toutes les tendances politiques de l'époque autour du FLN pour porter haut la voix de l'Algérie pour son indépendance. Une rencontre autour du parcours de Abane Ramdane, l'architecte de la Révolution algérienne, se déroule depuis hier à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou et dans son village natal, Azzouza, à Larbaâ Nath Irathen. Plusieurs interventions, au cours d'une table ronde sur l'enfant de Azzouza, ont été faites notamment par son neveu Ali Abane, par les anciens officiers de l'ALN, Si Smaïl et Si Ouali Aït Ahmed, ainsi que par Ali Haroun et par un de ses compagnons de lutte au sein de la Fédération de France du FLN, Mohamed Ghafir dit Moh Clichy. Le neveu de Abane Ramdane, Ali, a retracé les péripéties du parcours, depuis 1947, de son oncle paternel, bachelier en mathématiques, ses multiples emprisonnements par l'administration coloniale française pour ses activités politiques, au point où, dit-il, même son vieux père lui avait dit un jour qu'il ne voulait plus le voir chez lui à Azzouza en raison des tracasseries qu'il lui causait avec l'administration coloniale. Sur dénonciation pour ses activités politiques, Abane Ramdane a été jugé à Béjaïa puis rejugé en appel à Alger où il fut emprisonné à Serkadji, à Maison-Carrée (El Harrach) et aussi à la prison de Aïn Témouchent. Selon le même intervenant, Abane Ramdane avait juré par trois fois qu'il ne s'assoirait plus sur une chaise de l'administration française. Précisant qu'il détenait le témoignage de Athmane Belouizdad, Ali Abane a indiqué que son oncle était étroitement lié au 1er Novembre 1954. Il précise que Mohamed Belouizdad, chef de l'Organisation spéciale (OS), a raconté que les responsables de l'insurrection du 1er Novembre avaient pensé à faire évader Abane de la prison en vue d'accélérer le mouvement du déclenchement de la lutte armée. Mohamed Boudiaf avait dit à ses camarades que Abane les rejoindrait dès qu'il sortirait de prison. Sitôt libéré, Abane, un visionnaire hors pair, a pu rassembler toutes les tendances politiques de l'époque autour du FLN pour porter haut la voix de l'Algérie pour son indépendance. Si Smaïl, ancien officier de l'ALN, membre de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), a indiqué que lorsque la population a su qu'un monument comme Abane avait regagné le maquis juste après sa sortie de prison, sa conviction en l'indépendance de l'Algérie était raffermie. Si Ouali Aït Ahmed, ancien officier de l'ALN et responsable à l'ONM de Tizi Ouzou, a affirmé dans sa longue intervention que «la nature ne peut enfanter plus d'un homme de la trempe de Abane en moins d'un siècle». Ali Haroun, ancien de la Fédération de France du FLN et ex-membre du Haut Comité d'Etat, a déclaré avoir connu Abane Ramdane à Tétouan (Maroc) où «nous confectionnions alors, de juin à juillet 1956, Résistance algérienne sur 4 pages, un journal qui deviendra plus tard El Moudjahid sous la direction de Abane Ramdane, avec la collaboration de Rédha Malek, Saâd Dahleb et Frantz Fanon. La Plateforme de la Soummam conçue par Abane et Ben M'hidi était un document d'une vision lointaine pour l'Algérie». Moh Clichy a pour sa part rappelé que ce qui a été mené comme lutte et comme actions pour la collecte des cotisations par les Algériens en France, y compris le 17 Octobre 1961, émanait de consignes et de canevas élaborés par Abane. Le film D'Argaz, Ammi (c'était un homme, mon fils), réalisé par Ahcène Osmani en collaboration avec l'ONM, a été projeté hier après-midi dans la grande salle de la maison de la culture. Des activités sont prévues aujourd'hui à Azzouza, dont une visite au musée Abane Ramdane.