Avec la généralisation du système Chifa, on croyait que la Cnas donnerait plus de fluidité aux officines et aiderait les citoyens à jouir des prestations offertes par la sécurité sociale. En termes clairs, gagner du temps et éviter le stress de l'opération de remboursement auprès des caisses de sécurité sociale. Mais pour les personnes qui ne sont pas atteintes de maladies chroniques, il y a loin de la coupe aux lèvres, car beaucoup d'entre elles ne voient pas l'utilité de la carte Chifa. Elle ne sert à rien. Absolument à rien, disent-ils. C'est le cas d'ailleurs de milliers de malades munis de leur carte Chifa qui, à leur corps défendant, se voient pénalisés par le système Chifa. Comment ? Si un médecin prescrit à son malade (non chronique) un traitement dont le montant dépasse 3000 DA, la pharmacie conventionnée exige de lui un accord de la CNAS. Cette dernière lui remet l'avis favorable du médecin. Notre malade retourne à l'officine pour se faire cette fois servir, mais on lui répond qu'il ne peut pas bénéficier de la prestation tout simplement parce que le système informatique (lecteur de carte) bloque l'ordonnance de plus de 3000 DA. Le malade doit payer rubis sur l'ongle et se faire ensuite rembourser par la voie classique. Autrement dit, retourner à la case départ en faisant faire le parcours du combattant à l'assuré pour se faire restituer les 80% du montant de la prescription. En d'autres termes, la CNAS fait bien avancer les choses pour mieux reculer. L'on s'interroge sur tout ce tintamarre fait autour du système de la carte Chifa censé faire gagner du temps, pour revenir enfin au système anachronique, celui de déposer les ordonnances à la caisse et attendre une éternité pour se faire rembourser. Certes, on entend parler par-ci par-là de personnes qui usent de combines et traficotent, mais est-il sensé de mettre tout le monde dans le même panier ? Est-il judicieux de pénaliser les malades non chroniques dont le péché est de disposer d'une ordonnance de plus de 3000 DA, prescrite bel et bien par le médecin et visée par le toubib de la CNAS ? Avons-nous pensé à ceux – les cas non chroniques – auxquels le médecin prescrit une ordonnance dont le coût avoisine les 10 000 DA et ne peuvent, faute de flous, honorer ? N'est-ce pas que les «pondeurs» de réglementations et autres circulaires sont interpellés plus que jamais pour trouver la bonne formule et être aussi prévoyants que perspicaces ? Dans le cas contraire, il serait stupide de remettre la carte Chifa à un assuré (non chronique) sans qu'il ait la possibilité de l'utiliser !