C'est dans ce carrefour qu'Ammi Ahmed fait un travail qui ne lui revient pas car, comme son esprit est pétri de bienfaisance et surtout de l'amour de servir son prochain, il pointe chaque matinée et chaque soir au même endroit dans l'unique but d'organiser la circulation routière, en faisant usage d'un sifflet, toujours collé à sa bouche souriante. D'ailleurs, il ne peut se présenter au carrefour sans se vêtir son gilet, tantôt jaune, tantôt orange, habituellement porté par les employés de l'APC. Le plus étonnant dans ce personnage, c'est que son travail ne se limite pas uniquement à veiller sur l'ordre public, mais il tend sa main tendre et fragile à la fois aux enfants et vieilles femmes afin de les aider à traverser la route en toute sécurité. Plus que cela, il s'occupe de l'entretien et du nettoiement des routes et places publiques, notamment les alentours des arrêts de bus. L'histoire de cet homme rarissime au sens propre du terme a commencé, raconte-t-il, en 1993 lorsqu'il a sollicité pour la première fois l'aide du maire de l'époque afin de lui donner le feu vert pour exploiter certains espaces publics à proximité des arrêts de bus, et ce, pour vendre des produits artisanaux qu'il fabrique lui-même, tout en veillant en même temps au nettoiement de ces lieux. Ainsi commença l'aventure de Ammi Ahmed, lequel malgré le fardeau de l'âge (74 ans) qui pèse sur ses épaules, n'a pas lésiné à user de son énergie vacillante au service des autres. La grandeur de cet homme qui a réussi à gagner le respect de tout le monde se heurte pourtant à la petitesse d'esprit des responsables de la commune qui n'ont pas daigné l'aider ou lui consacrer un salaire symbolique en contrepartie de ses efforts qu'il offre quotidiennement et sans relâche au service des enfants et des personnes vulnérables. A bons entendeurs…