Des émeutes ont éclaté à la mi-octobre à la cité populaire de Diar Echems, dans la commune d'El Madania (Alger). Le contentieux autour d'un terrain de football explique cette bouffée de colère dans cette cité construite à la faveur du plan de Constantine lancé par le général de Gaulle à son retour au pouvoir, en 1958. Le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, s'est vu « obligé », en raison de l'ampleur prise par l'événement, de se déplacer et d'annoncer une batterie de mesures, dont la plus attendue est le relogement des « vrais habitants ». A la mi-février 2010, un premier quota de 450 logements sera distribué et tout de suite après, une opération « tiroir » – agrandissement des « cagibis » qu'occuperont des familles qui ont fait le choix de rester dans la cité – sera lancée. En plus de mesures d'apaisement prises au profit des nombreuses familles, le ministre de l'Intérieur a annoncé, dans une déclaration à la presse, après avoir rendu visite à un agent de police blessé, à l'hôpital de la Sûreté nationale des Glycines, que 15 personnes, impliquées dans les incidents du quartier de l'ex-Clos Salembier, ont été présentées à la justice. Il a assuré par ailleurs, qu'« aucun blessé n'a été signalé parmi les citoyens », déplorant toutefois « beaucoup de blessés dans les rangs du service de maintien de l'ordre ». Ces actes de violence, dont les premières victimes sont souvent la population, ne sont pas isolés, convenons-en, et ne sont guère l'apanage d'une région ou d'une wilaya du pays : toutes y ont souvent eu recours, ces dernières années, pour se faire entendre des responsables. La perte d'un match, des lenteurs dans le branchement du gaz de ville ou carrément une bévue impardonnable d'un agent de l'ordre et c'est tout le quartier, la ville ou la localité, en temps normal calme, qui flambe. Difficile alors de prévoir les conséquences : ce sont souvent des édifices et des biens publics, mais aussi particuliers, qui sont la cible des émeutiers, décidés à en découdre. Les meneurs de ces « jacqueries » ne sont souvent pas identifiables et la récupération politique n'est guère de ce fait possible. Mais ce qui rassembler ces mouvements, c'est la présence importante de jeunes désœuvrés : en plus de leur servir de défouloir, c'est l'occasion de tirer quelques dividendes en forçant le président de l'APC ou le wali à réagir de crainte d'être sanctionnés par leur tutelle. Confrontés depuis quelques années déjà à ces émeutes, les pouvoirs publics utilisent souvent le bâton avant la carotte. Sinon l'une sans l'autre.