L'année 2009 a été « très difficile » pour la Suisse, et en particulier pour son sacro-saint secret bancaire qui en ressort sous forme de peau de chagrin à l'avenir incertain. La première brèche de l'année dans le dispositif qui a fait la fortune de la place financière depuis les années 1930, s'est ouverte aux Etats-Unis en février. UBS, soupçonnée d'avoir aidé des Américains à ouvrir des comptes offshore pour échapper à leur fisc, est alors contrainte de payer une amende de 780 millions de dollars et surtout de révéler les noms de quelque 250 contribuables. A peine cette affaire réglée, Washington lance une deuxième offensive plus conséquente qui aboutit à un nouvel accord, en août, obligeant UBS à délivrer les noms des propriétaires de 4 450 comptes cachés. Les autorités suisses subissent alors les attaques à répétition des membres du G20, furieux de voir des contribuables réfugier dans la petite Confédération de larges pactoles échappant à leur fisc. Acculée, la Suisse fait un geste de poids en acceptant, en mars, de se conformer aux standards de l'OCDE. Selon ces standards, elle renonce à la distinction qu'elle faisait entre fraude et évasion fiscale, ouvrant la possibilité d'échanges d'informations fiscales pour des soupçons de fuite de capitaux. Mise malgré tout sur la liste grise des paradis fiscaux par le G20, début avril, Berne s'est engagée dans un marathon de six mois pour signer 12 nouveaux accords fiscaux comprenant ces nouveaux standards. Certains pays n'ont pas attendu la ratification de ces accords pour augmenter la pression contre les fraudeurs. Comme la France, qui a obtenu des données volées dans la filiale genevoise de la banque privée britannique HSBC, mettant Berne hors d'elle. Les concessions sur le secret bancaire vont faire perdre un avantage considérable à la place financière helvétique qui a géré en 2008 quelque 4 361 milliards de francs suisses d'actifs, soit huit fois le PIB du pays, dont près de la moitié venant de l'étranger.