Les autorités américaines s'intéressent aux noms des ressortissants américains détenteurs de comptes secrets auprès de la banque suisse UBS. Le ministère de la Justice américain, qui a déposé plainte contre UBS, a transmis à la banque suisse une liste de 52 000 comptes secrets identifiés par le fisc US. Le montant global des fonds expatriés suspectés d'évasion fiscale s'éléverait à près de 15 milliards de dollars US. Une bataille juridique et administrative oppose l'autorité de surveillance des marchés financiers (Finma) suisse et le Tribunal administratif fédéral (TAF) qui a décidé vendredi de ne pas répondre aux injonctions américaines et de préserver envers et contre tous le secret bancaire des clients de l'UBS sous peine de poursuites pénales contre cette banque. Avant que la décision du tribunal administratif ne tombât, la banque suisse s'est empressée de fournir à la justice américaine une liste de 250 clients douteux réclamée par la partie américaine. Cette affaire qui n'en est qu'à ses débuts risque d'envenimer les relations commerciales entre les deux pays, mais surtout de porter un sacré coup à la « réputation » et à la « crédibilité » du système bancaire suisse connu pour son secret bancaire inviolable. Jean Ziegler avait résumé les facilitations accordées par le système bancaire suisse à l'argent recyclé par la formule qui a donné le titre à un de ses best-sellers La Suisse lave plus blanc. En tout état de cause, si la banque suisse accède à la demande insistante des Américains en levant le secret bancaire sur les fonds américains jugés suspects, c'est la fin de la toute puissance bancaire suisse qui a bâti sa réussite sur le secret bancaire. D'autres Etats sous la pression interne ou internationale peuvent être tentés dans certains cas de s'engouffrer dans cette brèche. Et l'Algérie dans tout cela ? Verra-t-on un jour les autorités algériennes entreprendre la même démarche pour enquêter sur les fortunes illicites déposées par des nationaux dans des banques suisses et dans d'autres paradis fiscaux ? L'ancien Premier ministre Belaïd Abdesslam avait promis à son arrivée au gouvernement de solliciter le concours de certaines banques étrangères pour enquêter sur les fonds déposés par des nationaux ainsi que sur les patrimoines immobiliers acquis à l'étranger. On sait ce qu'il est advenu de cette initiative qui est restée à l'état de slogan. Les transferts illégaux d'argent et des fortunes mal acquises se sont intensifiés ces dernières années, notamment depuis la mise sur pied de structures chargées de la lutte contre le blanchiment d'argent et de la rigueur introduite dans la collecte de l'impôt. Les grandes fortunes ont déserté massivement le pays pour aller prospérer ailleurs sous d'autres cieux plus cléments et moins regardants en ce qui concerne l'origine des fonds déposés dans ces banques étrangères. Mais avant d'en arriver là et d'enquêter sur les fortunes mal acquises qui ont pris le large, il serait plus sensé de commencer d'abord par ouvrir ce vaste et délicat chantier en Algérie où il y a assurément beaucoup à faire pour les services compétents. En faisant appliquer la loi dans toute sa rigueur aux voleurs et fraudeurs de tout acabit. Sans exclusive. Quel que soit le rang social, leurs positions hiérarchiques, la puissance économique, la couverture politique ou les relations dont peuvent se prévaloir ces prédateurs dans les sphères du pouvoir pour échapper au glaive de la justice.