Des sources affirment que près de 500 cadres et responsables de banques seraient mêlés à des affaires liées aux transactions bancaires dans le domaine du commerce extérieur et des opérations de change en Algérie, en plus de l'octroi de crédits douteux. Dans la plus grande discrétion, des enquêtes sont menées depuis quelques mois au niveau de toutes les banques publiques et privées agréées en Algérie. Selon le délégué général de l'Association des banques et des établissements financiers (Abef) Abderrahmane Benkhalfa, cette opération est de nature à renforcer le contrôle pour éviter toute surprise au niveau des banques algériennes. «L'objectif est de vérifier les instruments de contrôle et d'intervention permettant la prise en charge de la prévention et de la lutte contre le blanchiment d'argent», a affirmé M.Benkhalfa. S'exprimant sur les ondes de la Radio nationale, le délégué de l'Abef a admis que certains comptes suscitent plus d'intérêt que d'autres. Ces enquêtes entrent dans le cadre de la prévention et la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. «Ces deux phénomènes transfrontaliers menacent la stabilité de l'économie nationale et la vie des personnes», soutient-il. L'Algérie a balisé le terrain sur le plan législatif puisqu'une loi a été votée dans ce sens en 2005. Ses dispositions portent, essentiellement, sur la consécration de la cellule du traitement du renseignement financier en tant qu'organisme indépendant. Cette structure est chargée de recevoir, d'analyser et de traiter les déclarations de soupçon relatives aux opérations bancaires ou financières susceptibles de constituer des infractions sous forme de blanchiment de capitaux ou de financement du terrorisme. Mais M.Benkhalfa n'a pas révélé les résultats affirmant que cette opération se fait dans la plus grande discrétion pour préserver la réputation et la crédibilité des clients. Certaines sources ont révélé que près de 500 cadres et responsables de banques seraient mêlés à des affaires douteuses. Elles sont liées aux transactions dans le commerce extérieur et des opérations de change en Algérie, en plus de l'octroi de crédits douteux. La même source ajoute que la plupart des affaires auxquelles des responsables bancaires se trouvent mêlés, sont liées aux opérations d'import-export, où les importateurs ne respectent pas les dispositions et les délais impartis à l'opération. Sur un autre plan, le délégué général de l'Abef a affirmé, néanmoins que l'enquête menée par la brigade économique et financière a révélé le recensement d'un million de comptes en devise appartenant à des Algériens. Ils sont dans la majorité alimentés de l'étranger. Dans ce sens, le responsable de l'Abef a regretté le fait que les banques suisses refusent de coopérer avec les autorités algériennes en matière de lutte contre le blanchiment d'argent. Le sacro-saint secret bancaire, chez les Suisses, empêche le contrôle de l'argent algérien placé dans ce pays. «Il est impossible de définir avec précision la source et la valeur des fonds versés dans ces banques», a reconnu jeudi Abderrahmane Benkhalfa. La Suisse, réputée pour la sécurité des placements bancaires étrangers, serait la destination de prédilection d'un nombre important d'hommes d'affaires algériens. Le député suisse, Jean Ziegler, avait estimé cette fortune durant les années 1990 à trente milliards de dollars. Il avait confirmé que la Suisse, comme le Luxembourg, «sont les places fortes des placements de capitaux algériens». Cependant, en l'absence d'informations officielles, il est impossible de juger du degré de véracité de cette déclaration. Pour comprendre la complexité de la procédure de contrôle, il faut savoir que les banques suisses ne fournissent pas de renseignements ni l'identité de leur client. Celui-ci est le seul détenteur du secret. Dans le cadre de ce processus, sujet à polémique, les banques suisses ne fournissent aux autorités fiscales aucun renseignement direct sur la procédure de taxation de leurs déposants. Le système fiscal repose, en effet, sur le principe de la déclaration effectuée par le contribuable. Dans un autre registre, l'orateur a annoncé la création «d'une centrale des risques» pour gérer les crédits destinés à la consommation. Le mécanisme, selon lui, s'impose au vu de l'ampleur que prend cette formule de crédit. Selon ses chiffres, 10% des crédits accordés par les banques sont orientés vers la consommation. Cela équivaut à 210 milliards de dinars. 140 milliards ont servi au financement du logement et 70 milliards pour l'achat des véhicules. «La valeur des crédits à la consommation monte crescendo. Cela est dû aux facilités accordées par les banques», soutient-il. Mais les risques sont grands. Benkhalfa fait référence «aux fausses déclarations sur le revenu du demandeur de crédit, et de l'incapacité de rembourser le crédit dans plusieurs cas». La centrale des risques qui sera créée avant la fin de l'année, aura pour première mission l'établissement d'un fichier national comportant tous les demandeurs des crédits de consommation. «Le crédit sera rejeté si le montant de l'échéance que devra verser le client dépasse 50% de son revenu.» Benkhalfa a déclaré que les banques publiques ont accordé 2100 milliards de dinars de prêts. 90% sont destinés aux entreprises économiques publiques. Enfin, le délégué de l'Abef estime que les réformes engagées dans le secteur devront prémunir la place financière contre un autre scandale similaire à celui de Khalifa Banque.