A contre-courant de la nouvelle tendance de la chanson kabyle dominée, ces dernières années par la chanson de variété, le nouvel album de Karim Bourahli, Alzayer ulim imal (Algérie, ton cœur vacille), dans les bacs depuis quelques jours, a ceci de particulier : il ne laisse personne indifférent. Par ses estocades poétiques et ses prouesses musicales, l'artiste, originaire d'Adekar (Béjaïa) qui surplombe la Méditerranée - sources de son inspiration - capte de plus en plus l'attention des mélomanes. Qu'on en soit fan ou indifférent, on ne peut nier à l'artiste ni son courage ni son franc-parler ni sa volonté de sortir des sentiers battus. En artiste vivant jusqu'au vertige, les soubresauts qui secouent actuellement son pays, ce jeune loup n'y va pas avec le dos de la cuillère pour descendre en flammes les responsables de nos malheurs. Alzayer ulim imal, d imawlan is, Ghouri ul dahchaychi, Amek illigh amek oughalegh, d lawan an ruh et Vgayeth Tizi Ouzou, les six chansons de cet opus qui nous rappellent, par bien des côtés, Abdelkader Bouhi et Kamel Messaoudi, sont des peintures réalistes du pays et de sa jeunesse partagée entre des amours contrariés, des questionnements stressants sur l'existence et la haine d'un pouvoir embourbé dans ses mythes et ses errements politiques. Avec des musiques foncièrement à tendance chaâbi, les mots de ce jeune artiste d'à peine la trentaine, sont pleins de bon sens. Ceci pour dire que la sagesse n'est pas uniquement l'apanage de la vieillesse. edité par Star Plus edition et grâce au concours d'une artiste peintre française, Monique Souchet, à qui l'artiste a tenu à rendre un vibrant hommage, cet album ne passera certainement pas inaperçu, quant à l'artiste, il mérite tous les encouragements.