La wilaya de Boumerdès ne compte désormais aucun débit de boissons alcoolisées activant dans la légalité. Les derniers — quatre petits magasins du genre, sis à la cité L'Albatros, à Boumerdès — ont été fermés récemment sur décision du wali, sous prétexte de l'insécurité et la multiplication d'agressions dans les alentours. La nouvelle a surpris plus d'un, notamment les «amateurs de Bacchus», qui doivent désormais aller jusqu'aux wilayas limitrophes pour acquérir de quoi «consoler» leur frustration. Cela surtout lorsqu'on sait que même les bars sont quasi-inexistants dans cette wilaya où le tourisme peine à décoller. Les détenteurs desdits commerces estiment que l'argument invoqué par le chef de l'exécutif ne tient pas la route. «Cela fait quinze ans qu'on travaille ici. On nous a exigé de fermer avant 18h, mais c'est à l'Etat d'assurer la sécurité sur place et de chasser les voyous qui fréquentent les lieux, pas à nous», lance l'un d'eux. Notre interlocuteur estime que «le wali n'est pas bien informé des problèmes prévalant sur le site». «Le quartier n'a jamais été aménagé. C'est l'endroit le plus sale de la commune. Les artères et les routes sont dans un état lamentable. Même l'éclairage y est inexistant. Voilà pourquoi il est devenu le coin préféré des soulards», explique-t-il. Son associé, lui, pense que la décision de fermeture de leurs locaux aggrave le problème d'insécurité à L'Albatros plus qu'elle ne le résout. «Pourquoi les services de sécurité ne viennent pas chasser ceux qui revendent à ce jour les boissons sur place au noir et à des prix exorbitants», se demande-t-il. Pour lui, «l'interdiction de leur activité» entre dans le cadre de la politique de «prohibition» entamée à l'époque de l'ancien wali, Brahim Merad. Une politique qui rend service aux adeptes des idéologies rétrogrades et des propriétaires des débits de boissons illicites activant à ce jour dans différentes localités de la région, dont Chabet El Ameur, Timezrite, Naciria, Afir et Boudouaou, etc. Certains de ces pseudo-commerçants qui échappent au contrôle du fisc n'ont jamais été inquiétés par les autorités malgré les risques qu'ils font courir aux gens qui fréquentent leurs taudis de fortune. Ces derniers, une fois éméchés, pourront devenir de véritables dangers sur les routes, notamment la nuit. Aujourd'hui, il est tout de même intrigant que cette wilaya à vocation touristique ne soit pas dotée de bars en bonne et due forme. Est-ce dû à l'absence d'investisseurs dans ce créneau, ou ce n'est là qu'une autre preuve de l'emprise qu'ont les gardiens de la morale sur la société ?
