Pour ajouter à l'ennui général, Nouredine Bedoui, wali de Constantine, n'a pas trouvé mieux que d'interdire la vente de boissons alcoolisées pendant les fêtes du nouvel an. Les quelques débits de boissons qui échappent encore à la vague de fermeture des bars dans la capitale de l'Est, ont reçu en effet, hier, l'ordre de suspendre leur commerce durant les journées de dimanche et lundi. La décision du wali pénalise sévèrement les détenteurs de ces commerces et les amateurs de Bacchus, qui entendent fêter à leur manière le début d'une nouvelle année ; elle ne trouve aucune justification logique, si ce n'est le zèle d'un père autoritaire et moralisateur qui piétine des droits individuels pourtant garantis par la Constitution. Cette décision rappelle celle prise par un autre wali de Constantine il y a exactement dix ans. Ce dernier, on s'en souvient, avait ordonné aux vendeurs de prolonger la fermeture dix jours après la fin du Ramadhan, soit pendant ce qui est appelé «ayyam es'sabrine» ; une initiative qui n'est justifiée d'ailleurs par aucun texte réglementaire. Bref, du zèle et rien que du zèle ! Sinon, en vertu de quoi un wali peut-il s'ériger en gardien de la foi de la population qu'il sert ? En vertu de quoi, aussi, Noureddine Bedoui peut-il interdire l'alcool alors qu'à 80 km, à Oum El Bouaghi ou à Skikda, il n'est point question de fermeture ? La maigre feuille de vigne sécuritaire, si tel en est l'argument, est ridicule. Les Constantinois n'ont aucun souvenir d'incidents notables durant les fêtes des années passées. Quelle en serait alors la cause, si ce n'est de la prohibition ? Hier, des centaines de clients venus s'approvisionner chez les vendeurs situés dans la zone industrielle Palma ont été surpris par la triste nouvelle. Où vont aller tous ces gens frustrés ? La plupart, hélas, vont se ruer sur les vendeurs des wilayas limitrophes et, malheureusement, ceci n'est pas sans risque. Combien seront-ils sur la route aujourd'hui et demain ? Les chauffeurs éméchés pourront causer des drames et faire plus de dégâts que n'importe quel scénario imaginé par le wali. Et ils ne seront pas seuls à en porter la responsabilité.