-Le tabac est responsable de 30% des cas de cancer enregistrés chaque année en Algérie, soit 90% des cancers bronchiques. Confirmez-vous cela ? Il s'agit de l'estimation la plus proche de la réalité. Effectivement, le tabagisme est responsable d'une majeure partie des cancers toutes localisations confondues, mais le cancer bronchique reste le plus fréquent. L'Algérie, signataire de la convention-cadre de lutte contre le tabagisme de l'OMS, est déterminée désormais à mener une lutte sans merci contre le tabagisme dans le cadre du Plan cancer pour la période 2015-2019, bien que des lois existent déjà depuis plusieurs années. -Quelles sont les mesures prises à ce jour ? L'interdiction de l'usage du tabac dans les lieux publics a fait l'objet du décret exécutif n° 01-285 du 24 septembre 2001. De plus, la convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac a été ratifiée par notre pays par décret présidentiel n° 06 – 120 du 12 mars 2006. Force est de constater que cet arsenal juridique n'a pas permis de lutter efficacement contre ce fléau qu'est le tabagisme. C'est pourquoi a été créé en juillet 2014 un comité national de prévention et de sensibilisation sur le tabagisme auprès du Premier ministre. Ce comité, que j'ai l'honneur de présider, a déjà tenu deux séances de travail et émis un certain nombre de recommandations par tous les secteurs participant à ce comité, à savoir la Santé, l'Intérieur et les Collectivités locales, la Justice, les Affaires religieuses, le commerce, les Transports, le Travail, l'emploi et la Sécurité sociale, la Solidarité, la Jeunesse et la Communication. Ce comité doit s'étendre au secteur de l'Education nationale, l'Enseignement supérieur, la Formation professionnelle. Concernant l'action concertée du Plan cancer et du comité sectoriel sur le tabagisme, il a été décidé d'adapter les actions contenues dans le «Plan national multisectoriel de lutte intégrée contre les facteurs de risques des maladies non transmissibles «qui reflètent les grandes lignes de lutte contre le tabagisme. Ces actions se déclinent en quatre objectifs : – Renforcer la législation et la réglementation antitabac en conformité avec les dispositions de la convention-cadre de la lutte antitabac. – Créer un environnement favorable pour réduire le tabagisme. – Offrir une aide au sevrage tabagique. – Mettre en place un système de surveillance du tabagisme. Ces actions seront menées dans le cadre du Plan cancer pour la période 2015-2019 conjointement avec les actions préconisées par le comité sectoriel de sensibilisation sur le tabagisme. -Vous présidez le comité sectoriel de lutte contre le tabagisme rattaché au Premier ministère chargé de la mise en œuvre des recommandations du plan national de lutte contre le tabagisme qui sera lancé en 2015. Qu'en est-il exactement ? Le comité national de prévention et de sensibilisation sur le tabagisme a émis des recommandations auprès du Premier ministre qui seront mises en œuvre en 2015. Ces actions portent essentiellement, au départ, sur la plus large sensibilisation possible sur les méfaits liés au tabac en direction du large public en général et des couches les plus vulnérables de la population en particulier. Les diverses enquêtes menées ont montré que le début de l'intoxication tabagique commence à l'adolescence, mais qu'il existe une tendance à la diminution de la consommation tabagique après 50 ans. Cette stratégie d'information et de sensibilisation du public portera sur les risques et les dangers pour la santé de la consommation de tabac, et l'exposition à la fumée de tabac. Les catégories de population ciblées par cette stratégie sont : les adolescents et les jeunes, les adultes, les femmes (surtout les femmes enceintes), les personnels des administrations publiques, les travailleurs des secteurs publics et privés, les éducateurs des milieux socioculturels, religieux, sportifs et les professionnels de la santé. -Quelles seront les mesures strictes dont vous avez déjà parlé qui seront appliquées dans un premier temps, et commentcomptez-vous convaincre les Algériens ? Les principales mesures issues des recommandations du comité consistent avant tout à élaborer des textes réglementaires et définir le cadre juridique par chaque département ministériel composant ce comité sectoriel applicable dans chaque secteur. Ces mesures devront tenir compte de la préservation des libertés individuelles dans un cadre organisé. Des mesures spécifiques sectorielles concernant les lieux publics figurent parmi les recommandations proposées, telles les hôpitaux sans tabac, les transports sans tabac, les contributions des personnels médicaux de la sécurité sociale, l'information et la sensibilisation au niveau des infrastructures de jeunesse et des ONG actives dans la protection de la jeunesse, l'implication des associations de protection des consommateurs, l'association des médecins des structures pénitentiaires à la sensibilisation en milieu carcéral, des actions spécifiques de solidarité, l'élaboration de messages audiovisuels, l'association de partenaires des médias audiovisuels et l'utilisation des réseau sociaux. Des caravanes de sensibilisation impliquant des acteurs d'horizons divers, professionnels et partenaires de santé vont sillonner le pays pour mettre en œuvre cet immense challenge qui est d'informer et de persuader les populations de ne pas s'adonner à cette addiction qu'est le tabagisme et les fumeurs d'arrêter de fumer.