En Occident, les mercenaires de la plume sont finalement nombreux. Le passe-temps favori de certains est descendre en flammes l'Algérie et de produire en série des articles contre la cause sahraouie. Bien sûr, ce «travail» est gracieusement rémunéré par le makhzen marocain. C'est ce que révèlent des courriels compromettants – récemment en ligne par le hacker marocain Chris Coleman. Ces mails montrent que c'est Ahmed Charaï, le directeur du site marocain www.lobservateurdumaroc.info, qui est chargé par le makhzen du recrutement et du paiement de ces «journalistes» occidentaux. Certains des emails échangés entre un représentant du makhzen et Ahmed Charaï portent notamment sur les honoraires de ces «mercenaires» qui ont donné satisfaction. Ahmed Charaï y a en effet détaillé les honoraires de sa «rédaction occidentale». En s'adressant à son «agent traiteur», il demande ainsi de l'argent en euros pour «régler» les piges de juillet et de septembre de trois journalistes français. Il a notamment réclamé 6000 euros pour Vincent Hervouët, rédacteur dans la chaîne de télévision française LCI, pour ses articles propagandistes dans l'Observateur et dans Foreign Policy. Pour Dominique Lagarde, journaliste au service monde de l'Express, il réclame 12 000 euros. Autrement dit, 6000 euros par mois de lobbying médiatique anti-algérien. Ahmed Charaï a fixé aussi à 6000 euros la pige de Mireille Duteil, rédactrice adjointe au service monde du Point. Dans son mail, celui-ci a également émis son souhait d'offrir au président du Financial Times un «beau cadeau». Il faut savoir que le makhzen ne donne pas que des enveloppes bourrées d'euros à ces «journalistes». Il leur offre également des séjours gratuits dans les grands complexes touristiques de Marrakech, comme il offre, à travers Ahmed Charaï, des cadeaux. Dans un email posté le 2 octobre à 12h42, Ahmed Charaï a parlé par ailleurs d'une réunion prévue pour le 7 octobre avec, dit-il, «nos amis journalistes français». Une réunion qui s'est en effet déroulée ce jour-là à 20h à l'hôtel Scribe, à Paris. Son but : trouver de nouveaux angles d'attaque pour «tomber» sur l'Algérie et le Sahara occidental. Dans un autre email adressé le 10 mars 2011 à son «employeur», Ahmed Charaï énumère quelques articles qui faisaient la promotion de la monarchie marocaine, publiés par ses amis journalistes à l'Express, Washington Post, Hudson Institute, Fox News, LCI et Foreign Policy. A signaler aussi que des emails échangés entre Ahmed Charaï et Vincent Hervouët sur la médiatisation du Mouvement de l'autonomie de la Kabylie (MAK) en lui consacrant une bonne place dans le journal de TF1 ont été interceptés. Dans un autre courriel, Vincent Hervouët demandait une avance sur salaire de 38 000 euros. Bien sûr, tous ces mercenaires occidentaux de la plume sont payés avec l'argent des Marocains.