Connu et reconnu à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, l'ex-élève du lycée Mohamed Kerouani (ex- Eugène Albertini) a été honoré dernièrement à Bejaia, l'autre berceau de la balle au filet. Bardé de titres (14 trophées, uniquement avec l'Entente), le diplômé du centre national de l'éducation physique et sportive d'Alger (CNEPS), (promotion de juin 1966) est à l'instar d'autres grands serviteurs de Sétif, victime de la mémoire courte. Ayant consacré les plus belles années de sa vie à éduquer et former de nombreuses générations de lycéens et volleyeurs, dont bon nombre d'internationaux ont fait le bonheur des équipes algéroises et de l'équipe nationale, «le blond», estimé sous des cieux où l'engagement et les sacrifices sont gratifiés de distinctions, est «oublié» chez lui. Fier et digne, l'expert qui a octroyé des techniciens roumains, russes, cubains, chinois, allemands, français et autres, compose avec l'indifférence des siens. Sérieux, rigoureux et perfectionniste, Saïd Bendris a, tel un grand chef d'orchestre, pu mener les Nekaa, Bouabdallah, Djemili, Belbadar, Nedjar, Draïdi, les frères Zitouni, les défunts Kamel Laib, Abid Annad, Lagagna, Bousnina, Hamoudi et d'autres, aux sommets de sa discipline. Orgueilleux et discret comme fut le grand Mokhtar Arribi, ayant horreur des projecteurs, Si Saïd n'utilise jamais le premier pronom personnel. Il aime parler de l'éducation, sa passion et de son association qui milite pour la fin des travaux de réhabilitation du lycée Mohamed Kerouani, sa deuxième maison. «La formation de l'homme de demain, une source intarissable, se consolide par la pratique sportive dès le jeune âge. Avec un esprit sain, on peut produire une ressource humaine d'une valeur inestimable. Un enfant encadré est une source d'énergie pour la société. Ne ménageant aucun effort pour l'achèvement des travaux de rénovation de notre établissement, l'association des anciens élèves du lycée, milite en ce sens». Telle est la vision d'un homme intègre et honnête. Malgré le poids des ans et de l'amnésie de sa société, l'ancien correspondant de l'ex-hebdomadaire sportif El Hadef, reste égal à lui-même. Rigueur, discipline et abnégation Le témoignage de son ancien joueur, Nabil Djemila, nous donne un autre aperçu sur un homme d'une espèce rare : «En plus de sa forte personnalité, Si Saïd, qui a été de tout temps fidèle à ses principes, est un homme sincère et franc. J'ai beaucoup de respect pour l'homme et l'éducateur qui a tant donné pour l'éducation et la formation de nombreuses générations de sportifs». Secrétaire de la section volley de l'ESS, parrainé à l'époque par Sonatrach, Mohamed Bellal va plus loin : «En matière de discipline et de travail bien fait, je le compare à feu Mokhtar Arribi. Eternel insatisfait, Saïd Bendris est l'un des premiers entraineurs algériens à introduire l'entrainement bioquotidien pour les sports collectifs. Avant d'être intransigeant avec son entourage, il l'était avec lui même. Sans exagération aucune, il personnifiait la rigueur et la vigueur. Sa grande culture a beaucoup aidé ses joueurs qui se sont épanouis avec lui». Ami de longue date, Hadj Norredine, une autre grande figure sportive de l'antique Sitifis, classe Saïd Bendris dans la catégorie des «Grands Maitres» : «Sur le plan du travail, de la compétence, de l'engagement et des relations humaines, il n'a pas d'égal. Saïd, que je connais depuis belle lurette, est un gars exceptionnel. L'homme, qui a bâti une formation ayant rivalisé avec les grands d'Algérie et d'Afrique, mérite qu'on lui donne beaucoup. C'est vraiment dommage que Sétif oublie aussi vite ces personnages, de surcroit ses meilleurs enfants».