La gestion du taux de change par la Banque d'Algérie risque une nouvelle fois de susciter la polémique. Au regard de l'évolution récente du taux de change sur le marché interbancaire, l'économiste M'hamed Hamidouche met à l'index l'évolution de la parité du dinar face à l'euro et au dollar, parité qui, estime-t-il, prend la direction opposée à la logique du marché. Il explique qu'au moment où le dollar s'appréciait face à l'euro, les parités de la monnaie nationale avec ces devises prenaient la direction contraire. Prenant comme référence les niveaux de parité à la fin du premier semestre 2014 et leur évolution sur le marché interbancaire pour la période du 5 au 7 janvier en cours, il apparaît que le dinar a perdu près de 11% de sa valeur par rapport au dollar, le billet vert étant coté à 87,9370 DA en ce début de mois de janvier, alors qu'il valait 79,2669 DA à la fin du 2e trimestre 2014. En parallèle, la monnaie nationale s'est appréciée de près de 3% face à l'euro, vu que la devise européenne est cotée aujourd'hui à 105,2254 DA contre 108,2152 DA au 1er semestre de 2014. Une évolution qui laisse perplexe l'économiste, qui tente de justifier l'attitude de la Banque d'Algérie par une volonté manifeste de préserver ses réserves, notamment en dollars, de tout risque d'effritement trop rapide. Un souci qui serait justifié, selon M'hamed Hamidouche, par trois hypothèses. La première supposerait que la Banque d'Algérie craindrait des difficultés pour ce qui est du financement des transactions du commerce extérieur, lesquelles se font en majorité en cash (plus de 50% des importations se payent au comptant). La seconde hypothèse s'appuie, selon l'économiste, sur la gestion des placements des réserves de change, qui ne seraient en fait pas très liquides. Enfin M'hamed Hamidouche suppose une politique préméditée de la Banque d'Algérie, qui, dans le cadre de la diversification de ses placements et de son panier de devises, s'orienterait vers l'achat d'euros à un moment de décote de la monnaie européenne face au dollar. Sur le plan interne, il estime que la dépréciation du dinar face au dollar pourrait permettre un jeu d'écriture comptable susceptible de limiter les effets de la baisse des revenus issus des exportations des hydrocarbures sur le budget de l'Etat. L'économiste estime cependant que cette gestion des taux de change pourrait avoir un impact sur les consommateurs. Car si au final l'appréciation du dinar face à l'euro ne risque pas, encore une fois, de se répercuter sur le marché interne, la plus-value étant absorbée par les importateurs, la dépréciation de la monnaie nationale face au dollar risque tout bonnement de renchérir les prix des marchandises en provenance de la zone dollar, à savoir la Chine, la Turquie et autres Emirats arabes unis. Quant à la compétitivité supposée des entreprises nationales exportatrices (qui se comptent d'ailleurs sur les doigts d'une seule main), elle risque d'être grevée par l'exposition au risque de change. Pour rappel, la Banque d'Algérie a précisé, il y a quelques jours, que sa politique de change «a pour objectif le maintien du taux de change effectif réel du dinar à son niveau d'équilibre déterminé par les fondamentaux de l'économie nationale». Celui-ci s'est d'ailleurs apprécié au cours des onze premiers mois de l'année 2014 de 5,11. Cela a induit «un ajustement du taux de change nominal du dinar sur le marché interbancaire des changes». Ainsi, «en moyenne sur les onze premiers mois de l'année 2014 par rapport à la même période de 2013, le cours du dinar algérien ne s'est que faiblement déprécié relativement au dollar (0,62 %) et à l'euro (1,56 %)».