Les pouvoirs-publics se sont enfin décidés à sortir de leur silence et à réagir à la dévaluation du dinar constatée ces derniers jours. Après le ministre des Finances, Karim Djoudi qui est allé donner la mauvaise nouvelle et expliquer parallèlement les causes de cette dépréciation, c'est au tour de la Banque d'Algérie qui a rassuré que le taux de change réel du dinar reste apprécié par rapport à son niveau d'équilibre qui est calculé sur les fondamentaux, dont le différentiel d'inflation enregistre une "tendance à l'amélioration". ''En dépit de la volatilité des cours de change des principales devises, le taux de change effectif réel du dinar est aujourd'hui encore apprécié par rapport à son niveau d'équilibre. Ce dernier est calculé par rapport aux fondamentaux dont le différentiel d'inflation qui enregistre un amenuisement au cours de ce second semestre 2013 et donc une tendance à l'amélioration" a expliqué la BA dans sa note d'information sur le marché interbancaire des changes. Après avoir rappelé sa politique de taux de change depuis la seconde moitié des années 1990 et qui vise à stabiliser le taux de change effectif réel du dinar à son niveau d'équilibre, la BA a affirmé que l'évolution récente des cours du dinar face à l'euro et au dollar américain devrait être lue "à la lumière des effets de la volatilité financière externe en cours, mais aussi à travers l'observation des séries chronologiques des cours du dinar vis-à-vis de l'euro et du dollar américain pour les cinq dernières années". "Compte tenu notamment de l'évolution des principales devises et du différentiel d'inflation, les cours de change du dinar ont évolué entre 19.1308 et 109.0478 dinars pour un euro au cours de l'année 2009. Pour les années 2010 et 2011, ils ont varié entre 91.0519 et 108,3513 puis entre 98.3373 et 106.5322 dinars pour un euro", note le document de la Banque d'Algérie qui ajoute qu'en 2012, "ces cours se sont situés entre 99.6138 et 107.0015 dinars pour un euro. Par rapport au dollar américain, pour l'année 2012 par exemple, les cours du dinar ont évolué entre 73.8092 et 82.0954 dinars pour un dollar". Interrogé en marge des débats sur le projet de loi de finances pour 2014 à l'APN, le ministre des Finances Karim Djoudi a affirmé que le dinar "s'appréciera à nouveau" dans les prochains mois après une dépréciation d'environ 9% par rapport à la monnaie européenne opérée depuis le mois de juin. "Selon nos prévisions, il y aura (dans quelques mois, NDLR) un taux d'inflation de 4% voire moins et le dinar va s'apprécier à nouveau", a-t-il déclaré, en précisant que la dépréciation de la valeur du dinar face à l'euro et au dollar est le résultat du différentiel entre le taux d'inflation en Algérie et celui enregistré dans le reste du monde. Selon la Banque centrale, l'évolution récente des cours du dinar face à l'euro et au dollar américain est corrélée, dans une large mesure, au taux euro-dollar en contexte de volatilité financière accrue, ajoutant que "les cours du dinar vis-à-vis du dollar observés les derniers mois sur le marché interbancaire des changes sont en deçà de taux formés antérieurement". Actuellement, la BA "affine son monitoring de l'évolution des marchés financiers et des changes pour mieux +calibrer+ ses interventions sur le marché interbancaire des changes, en vue d'atténuer l'impact de la volatilité financière inhérente à la phase de transition de l'économie mondiale sur l'économie nationale". S'agissant de la monnaie européenne, poursuit la note d'information, les cours observés sur le marché interbancaire des changes sont légèrement dépréciés, en contexte de forte appréciation de l'euro par rapport au dollar. La Banque d'Algérie a souligné également que "la valeur externe de la monnaie nationale subit, dans une certaine mesure, l'effet de la volatilité des marchés de change liés aux risques pesant sur les perspectives à court terme de l'économie mondiale". Dans un contexte mondial marqué par une volatilité des marchés financiers cinq ans après le début de la crise financière et économique internationale, "cette volatilité accrue depuis mai -juin 2013 concerne également les marchés de change à travers le monde et affecte particulièrement certaines économies émergentes et en développement. Aussi, le semestre en cours semble marqué par une volatilité des cours de change des principales devises, notamment l'évolution euro-dollar", explique-t-on encore. Cette dépréciation du dinar, notent les experts, n'aura qu'un impact très limité sur la compétitivité des produits locaux : l'Algérie qui importe presque tout ce qu'elle consomme, n'exporte que les hydrocarbures qui représentent 98% des exportations du pays.