Voilà encore une nouvelle qui devrait empêcher Rabat de dormir. Cette semaine, l'Union européenne (UE) a exprimé, par la voix de la vice-présidente de la commission en charge des affaires étrangères et de la politique de sécurité, Federica Mogherini, son soutien à une solution prévoyant l'autodétermination du peuple du Sahara occidental. «L'UE soutient les efforts de l'ONU pour parvenir à une solution juste, durable pour (la question du) Sahara occidental, prévoyant l'autodétermination du peuple du sarahoui sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l'ONU», a souligné Mme Mogherini en réponse à une question d'un eurodéputé. Federica Mogherini a précisé en outre que l'UE «suit de près» l'évolution de la situation au Sahara occidental, exprimant sa «préoccupation» concernant ce conflit qui dure depuis quatre décennies et ses «conséquences pour la sécurité, le respect des droits de l'homme et la coopération dans la région». L'UE a également exprimé son soutien à la résolution 2099 (2013) du Conseil de sécurité des Nations unies qui souligne «l'importance de l'amélioration de la situation des droits humains au Sahara occidental», a fait savoir la responsable européenne. Mme Mogherini a indiqué, en outre, que l'UE «aborde régulièrement les questions des droits de l'homme dans son dialogue politique bilatéral avec les autorités marocaines ainsi que dans son dialogue spécifique sur les droits de l'homme et la démocratie», ajoutant que «les cas individuels sont également discutés avec les autorités marocaines». La déclaration de la vice-présidente de la commission en charge des affaires étrangères et de la politique de sécurité, Federica Mogherini, n'a pas dû enchanter Pier Antonio Panzeri, le président de la délégation Maghreb au Parlement européen. Celui-ci, qui roule visiblement pour Rabat, s'illustre régulièrement par son parti pris flagrant en faveur de la monarchie marocaine au détriment du peuple sahraoui privé de sa terre et de son droit à l'autodétermination. Pier Antonio Panzeri démasqué Après avoir étalé, en mars 2014, sa connivence avec le makhzen, suite à un déplacement suspect à Dakhla, en territoire sahraoui occupé, sans être mandaté pour cela par le Parlement européen, Pier Antonio Panzeri a en effet récidivé dernièrement en essayant d'occulter la situation critique des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés, dans un rapport sur la situation des droits de l'homme et de la démocratie dans le monde et la politique de l'Union européenne en la matière pour l'année 2013. Déjà en 2011, selon ce que révèlent les documents officiels marocains confidentiels diffusés par le hacker Chris Coleman, l'ambassadeur du Maroc à Bruxelles avait demandé, dans un courrier «urgent et confidentiel» adressé au ministre des Affaires étrangères, que Pier Antonio Panzeri soit entouré de tous les égards compte tenu de la charge qu'il assume au sein du Parlement européen et des implications potentielles sur ce que le makhzen qualifie de «cause nationale». En 2013 et 2014, Panzeri ne faisait même plus mystère de ses accointances avec le makhzen. Son déplacement à Dakhla en mars 2014 lui a même valu un «wissam» que Mohammed VI a bien voulu lui consentir. Complot contre les Sahraouis En tentant de masquer la réalité des traitements dégradants, voire inhumains, que subissent les Sahraouis dans les territoires occupés, le président de la délégation Maghreb au Parlement européen reste ainsi fidèle à ses engagements envers le Maroc. Cette fois, il a innové en usant notamment d'artifices et en s'arrangeant pour rédiger un rapport qui ignore les situations traditionnellement abordées. Un subterfuge que des eurodéputés avaient dénoncé en décidant d'introduire de nombreux amendements en faveur du respect des droits de l'homme au Sahara occidental dans le cadre du projet de résolution du Parlement européen sur le rapport annuel 2013 de l'Union européenne sur la situation des droits de l'homme et de la démocratie dans le monde. Ils ont estimé en effet que le président de la délégation Maghreb a choisi de rédiger le document selon une approche purement thématique, et ce, contrairement aux éditions des années précédentes, où était suivie une double approche, thématique et géographique, en citant les pays concernés par la politique européenne dans le domaine des droits de l'homme.