La France entre officiellement en campagne pour le référendum sur la Constitution européenne dont la date a été fixée vendredi, par le président Chirac, au 29 mai. Ce qui laisse trois mois aux partisans du « oui » et du « non » pour se faire entendre et rallier les électeurs à leurs arguments. En fait, les ténors politiques sont depuis quelques semaines déjà en campagne. Le parti socialiste, qui a choisi le « oui » lors d'un référendum interne le 1er décembre dernier, est entré en campagne dès la mi-février. Il reste que le parti socialiste devra faire face à ceux, parmi les siens, qui se sont exprimés pour le « non » à la Constitution européenne. Henri Emmanuelli a annoncé toutefois son intention de faire campagne pour le « non ». L'UMP donnera aujourd'hui le coup d'envoi de la sienne lors de la réunion de son conseil national, à Paris. Le parti de la majorité devra toutefois régler les désaccords exprimés en son sein, notamment sur la question de l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne. Nicolas Sarkozy, qui ne cache pas ses ambitions pour la présidentielle de 2007 et qui affirme que le « oui » de l'UMP à la Constitution européenne se veut « lucide et exigeant », va demander aux 2500 cadres du parti réunis dans un hôtel parisien de confirmer leur vote du 9 mai 2004 contre l'intégration de la Turquie à l'Union européenne souhaitée par le président Chirac. Parmi les partisans du non à la Constitution européenne, il faut compter particulièrement les communistes et les chevènementistes, l'Extrême gauche, le Front national et la mouvance souverainiste de Philippe de Villiers. Des syndicats se sont également positionnés pour le non. Ainsi, contre l'avis de son secrétaire général, Bernard Thibault, la CGT s'est prononcée contre le traité début février, alors qu'une grande partie des syndicats européens ont décidé de faire campagne pour le « oui ». Les agriculteurs, selon le président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, sont tentés de « ne pas répondre à la question posée » et de « sanctionner une politique qu'ils ne veulent pas ». Le référendum du 29 mai ne concerne pas que l'avenir de l'Union européenne. Derrière l'approbation ou le rejet du traité se cachent des préoccupations plus nationales. En particulier en vue de l'échéance présidentielle. C'est pourquoi Jacques Chirac mettra tout son poids en faveur du « oui » à un texte qu'il présente comme « une chance pour la France et pour l'Europe ». Un « non » lui serait préjudiciable, bien que ses proches aient pris la précaution de préciser qu'il ne démissionnerait pas si le « non » l'emportait le 29 mai. Les 41 millions d'électeurs inscrits devraient recevoir un exemplaire de la Constitution européenne quelques jours avant le référendum.