Je vous serais très reconnaissante», ce genre de déclarations en guise de demande d'emploi inondent les sites et forums internet consacrés au recrutement. Les diplômés de l'enseignement supérieur, toutes spécialités confondues, alourdissent les chiffres du chômage. Selon le dernier rapport de l'Office national des statistiques (ONS) intitulé «Activité, emploi et chômage en septembre 2014», «l'augmentation du taux de chômage (de 0.8 point par rapport à avril 2014, ndlr) est due principalement à une hausse du taux de chômage auprès des diplômés et principalement ceux issus de l'enseignement supérieur». Malgré la remise en question des statistiques, jugées «faussées» et «en dessous de la réalité» par des experts, la tendance annoncée par l'Ons est largement confirmée par les nombreux mouvements de contestation organisés par les étudiants au sein des établissements universitaires. Cette année, les grèves et les manifestations soulevaient toutes, en trame de fond, la hantise du chômage : problèmes d'équivalence des diplômes et droit d'accès aux concours de la Fonction publique. Une peur largement justifiée. D'abord par un marché du travail qui arrive à peine à insérer 40% des 120 000 sortants annuels de l'université. Ensuite, par l'étude de l'Ons révélant l'augmentation du taux de chômage des diplômés universitaires, qui est passé de 13% en avril 2014 à 16.4% en septembre de la même année. Notons que le taux de chômage global est de 10.6%. Il est de 25.2% pour les jeunes âgés entre 16 et 24 ans. Contre toute idée reçue, s'agissant des diplômés universitaires, ce sont surtout les femmes qui souffrent du manque d'accès à l'emploi avec un taux de 22.1% contre 10.9% pour les hommes. Le double. Bien détaillée, l'étude réalisée par l'office révèle qu'il est moins aisé de trouver un poste de travail pour un diplômé de l'enseignement supérieur (16.4% sont en chômage) que pour un étudiant qui aurait interrompu son cursus (15.4%). Pourtant, nos vaillants universitaires n'ont pas lésiné sur les moyens pour décrocher le sésame. 86% se sont inscrits aux bureaux de main- d'œuvre, autant ont déclaré avoir effectué des démarches auprès des entreprises et 80% ont fait valoir leurs relations personnelles. Mais en parallèle à ces formalités, rares sont les chômeurs universitaires qui prennent l'initiative de s'installer à leur compte, ils sont 17% seulement. L'esprit entrepreneurial n'est pas encore au goût du jour malgré les tentatives de certaines universités d'impulser une dynamique dans ce sens. Et pourtant, on ne peut pas dire que les universitaires font dans la fine bouche. Plus de 77% de ces chômeurs se disent prêts à occuper des emplois inférieurs à leurs aptitudes professionnelles et autant accepteraient des postes qui ne correspondent pas à leur profil. Ils sont même 75% à se contenter d'un emploi mal rémunéré, 70% éloignés de leur domicile, y compris dans une autre wilaya 55.8%. «Pourvu que je travaille», les entend-on dire, dans n'importe quel secteur d'activité (82.7% des sondés). Mais pas dans des emplois pénibles et insalubres, ils sont à peine 28% à accepter ces conditions. Malgré cette disponibilité, les étudiants chômeurs ont tous à l'esprit la hantise de l'emploi précaire : les contrats de préemploi, le filet social et autres. Et ils ont bien raison, car d'après l'institution centrale des statistiques, la répartition des chômeurs ayant déjà travaillé indique un taux de 18.6% pour les détenteurs de niveau supérieur et 17% pour les diplômés de l'université, sachant qu'en moyenne, sur le même indicateur (les chômeurs ayant déjà travaillé), il est dit que le tiers des mises en chômage est dû à la fin du contrat de travail. Devant ces chiffres préoccupants, l'Ons révèle encore une donnée qui enfonce le clou. A la marge de la définition du chômage déterminée par le bureau international du travail, existe une catégorie de personnes sans emploi et qui ne sont pas pris en compte dans le taux de chômage. L'Ons appelle «halo du chômage», cette catégorie de près d'un million de personnes qui se déclarent disponibles à travailler mais n'ont pas effectué de recherche d'emploi durant le moi précédant l'enquête. Dans ce «halo du chômage», l'office compte 122 000 personnes ayant un niveau d'enseignement supérieur et 89 000 diplômés universitaires. Parmi cette population, 22.5% affirment ne pas avoir effectué les démarches nécessaire parce qu'ils pensent qu'il n'y a pas d'emploi (12.4%) et 7.3%, car ils n'ont pas pu trouver de travail dans le passé. Désespoir ? Découragement ? En tous les cas, les récentes déclarations des responsables politiques concernant l'austérité et le gel des recrutements dans la Fonction publique ne rassurent guère les étudiants sur leur avenir professionnel.