Le chef de l'Etat géorgien a décidé de transférer les séances parlementaires à Koutaïssi, deuxième ville du pays, afin de redynamiser cet ancien centre industriel. Mais la démolition d'un mémorial soviétique de la Seconde Guerre mondiale, édifice de bronze et de béton de 46 m de haut situé sur le site retenu pour abriter le siège du nouveau Parlement, est fortement critiquée. Le démantèlement, au mois de décembre dernier, d'une partie du mémorial a suscité des réactions de colère autant en Russie que chez les adversaires de Mikhaïl Saakachvili. Et Moscou a tenu à faire savoir son mécontentement. Un élément du mémorial, la statue équestre d'un Géorgien nu placée devant la structure de béton, a même déjà été enlevé. La statue doit être transférée dans l'agglomération de Koutaïssi, qui se trouve à 236 km à l'ouest de Tbilissi. Le ministère russe de la Défense a publié un communiqué où il fait part de sa « préoccupation » tandis que le député et ancien Premier ministre Sergueï Stepachine dénonce un « sacrilège ». Le ministère des Affaires étrangères russe a, de son côté, estimé que cette mesure « manquait de respect » à l'égard des Géorgiens qui se sont battus dans les rangs de l'Armée rouge pendant la Seconde Guerre mondiale, qui a fait quelque 300 000 victimes géorgiennes. « C'est une tentative visant à éliminer de la mémoire de la Géorgie les centaines de milliers de ses fils et filles qui se sont battus vaillamment sur le front et ont donné leur vie », lit-on dans un communiqué rendu public. Les adversaires de l'initiative estiment qu'elle traduit une indifférence des autorités à l'opinion publique. Le rejet du passé soviétique est, rappelle-t-on, une caractéristique de la présidence de Saakachvili. A signaler que la démolition de ce mémorial soviétique a, d'après les autorités, fait deux morts. Une femme et sa fille de huit ans ont été tuées par l'explosion et plusieurs autres personnes ont été blessées. Le bras de fer entre Medvedev et Saakachvili n'est pas près de se terminer.